Vos confidences : j’ai fait un bébé après 40 ans

Parce qu’elles avaient envie d’un petit dernier sur le tard ou d’un premier enfant une fois leur vie de trentenaire derrière elles, parce que la nature a été un peu capricieuse ou qu’elles ont longtemps hésité avant dedevenir mère : les mamans quadragénaires sont de plus en plus nombreuses, que ce soit un choix ou non. Entre bonheur, questionnement, inquiétudes et épanouissement, voici les témoignages de Nathalie, Virginie et Anaïs qui nous ont raconté leur vie de jeune maman de 40 ans et plus… 

Y-a-t-il, dans votre vie, quelque chose de particulier qui vous a amenée à avoir un enfant après 40 ans ?

Nathalie : Avec les études et le travail, je ne me suis pas posé la question d’avoir un enfant très tôt. J’ai rencontré mon conjoint à 32 ans et on avait à l’époque des projets de voyages et des ambitions professionnelles. À 36 ans, premier gros bouleversement dans nos vies avec une première grossesse gémellaire. Quand les filles ont eu 2 ans, j’étais en poste à Rouen et mon conjoint a accepté une mission à Paris. Je gérais alors toute seule les filles la semaine. L’organisation familiale était donc un peu compliquée. Quand son contrat est arrivé à terme deux ans plus tard, il est revenu vivre à avec nous à plein temps. Je savais au fond de moi que mon histoire avec les grossesses n’était pas terminée et seulement à ce moment-là, avoir un enfant redevenait envisageable. En tout, on a dû mettre un an pour que je sois enceinte de Moïse, avec malheureusement une fausse couche quelques mois plus tôt.
Virginie : Pour moi, la vie a fait que j’ai rencontré mon mari relativement tard, à 37 ans, en 2013. Avant cela, mon métier de consultante me faisait beaucoup voyager et puis ma mère aujourd’hui décédée est tombée malade et j’ai voulu passer beaucoup de temps avec elle à l’époque. Mais après la rencontre du père de mes enfants, tout a été assez vite. On s’est mariés en 2015, on a eu notre fille la même année et notre fils, il y a un an. Je m’étais d’ailleurs faite à l’idée que vu mon âge, cela ne fonctionnerait peut-être pas.
Anaïs : De mon côté, j’ai toujours su que je voulais des enfants, mais j’ai été prise par plein de choses et quand j’ai eu 36 ans, cette envie s’est faite ressentir de plus en plus clairement. Je venais de me séparer de mon compagnon et cela repoussait fatalement l’âge d’avoir des enfants. Cela m’a fait réfléchir et j’ai finalement opté pour la congélation de mes ovocytes en Espagne. À ce moment-là j’ai attendu un peu parce que j’ai rencontré quelqu’un d’autre, mais ça n’a pas fonctionné. J’ai me suis alors dit que j’allais faire les choses dans l’autre sens : faire un enfant d’abord et rencontrer quelqu’un ensuite. Les sorties et les voyages ne me nourrissaient plus. J’ai pris mon destin en main. J’ai fait une FIV à 40 ans. Il n’y avait qu’un seul embryon viable mais cela a tout de même fonctionné.

Comment votre entourage a-t-il réagi à l’annonce de votre grossesse ?

Nathalie : Mon entourage amical était fan de la nouvelle et de notre projet. Pour ma famille, cela a été légèrement différent à l’annonce. Ils savaient que j’avais une vie déjà bien chargée et ils se sont inquiétés pour moi. Ma mère m’a dit avec bienveillance de bien réfléchir. Mais une fois l’angoisse passée, les évènements ont été pris avec beaucoup de joie.
Virginie : Je me rappelle que tout le monde a été plutôt content. Et Ysé, notre fille était arrivée pas si longtemps avant donc il n’y a pas eu de grande surprise. J’avais aussi des amis qui avaient des enfants en bas âge donc on a vécu la même chose plus ou moins au même moment, c’est toujours plus facile.
Anaïs : Pour ma part, les gens autour de moi ont été surpris, mais tout le monde a réagi de manière positive. De toute façon, quand ma fille aura 15 ans, les modèles de famille auront encore changé, donc ce qui interroge aujourd’hui pourra paraître tout à fait banal dans quelques années.

Comment s’est passée votre grossesse ?

Nathalie : Je n’ai eu aucun problème sur le plan médical. Même si j’avoue l’avoir trouvée plus fatigante que la première. J’avais 5 ans de plus et des jumelles à gérer.
Virginie : Comparativement à la première 3 ans plus tôt, elle a été plus éprouvante. J’ai eu un hématome en début de grossesse avec un décollement placentaire. Cela m’a beaucoup fatiguée. Mais du fait de mon âge et de mon problème des premiers mois, j’ai été davantage suivie. J’allais chez mon médecin toutes les 3 semaines. Et au moment de l’accouchement, mon fils arrivait en siège. J’ai donc dû subir malheureusement une césarienne en urgence.
Anaïs : J’ai adoré la grossesse car pour moi c’était un tel aboutissement, que j’étais contente, j’en ai bien profité. Et une amie m’a dit « une maman zen fait un bébé zen ». J’ai décidé de me laisser porter par cette idée. J’ai été arrêtée à six mois et demi de grossesse pour cause de contractions, mais finalement cela m’a permis de bien préparer l’arrivée de ma fille. J’avais eu tellement d’examens avant la grossesse que je n’étais plus du tout stressée par les prises de sang et autres contrôles au fil des mois. Et comme j’avais fait une FIV, je n’ai pas connu l’attente angoissante des résultats de marqueurs sanguins qui évaluent le risque de trisomie du bébé. Tout était déjà contrôlé.

Quels étaient si vous en aviez, vos craintes ou vos doutes ?

Nathalie : J’avais peur de ne pas pouvoir faire un bébé en bonne santé, de ne pas pouvoir y arriver. Je me suis aussi posé la question de savoir si j’allais être une maman aussi dynamique que je l’avais été, je me disais : « Est-ce qu’à mon âge je vais être capable de gérer les nuits entrecoupées ? », mais j’ai vite retrouvé confiance en moi. Et mon conjoint était très confiant, très encourageant, ça m’a beaucoup aidée.
Virginie : Je n’avais pas spécialement de doutes ou de craintes. Comme j’avais déjà une fille, je savais comment se passaient les premiers temps. On avait peut-être juste un peu peur d’être de vieux parents. On est moins insouciants à 40 ans qu’on ne l’est à 20. Et question poids, je me demandais si j’allais réussir à perdre tous mes kilos de grossesse, mais ils sont partis en 4 mois à peine.
Anaïs : Comme pour moi ce bébé était un bébé miracle, il fallait que tout aille bien. J’ai essayé de me préserver au maximum. Bizarrement, ce qui me stressait c’était de donner le bain, mais finalement, cela s’est fait de façon intuitive.

Comment avez-vous vécu les premiers mois de la vie de votre enfant ?

Nathalie : Tout s’est bien passé. Mais mon fils a quand même dormi 6 mois sur moi, c’était le seul moyen pour qu’il se repose. Les nuits étaient vraiment courtes, c’est ce qui m’a semblé le plus difficile, mais on retrouve de l’énergie dès que l’on peut dormir correctement de nouveau.
Virginie : Les premiers jours se sont très bien passés : juste en sortant de la maternité, on s’est dit qu’on avait besoin d’un sas de décompression avant de rentrer chez nous. Il faisait très chaud quand Aurèle est né et on ne voulait pas passer de la clinique à notre appartement parisien un peu petit. Nous avons donc pris une chambre d’hôtel pour 3 nuits pour décompresser. Pour le reste, j’ai trouvé les premiers mois d’Aurèle compliqués, car j’étais très fatiguée. Le rythme a été difficile à prendre. Mon fils a obtenu rapidement une place en crèche mais l’inconvénient, c’est qu’il a été tout le temps malade. Entre le reflux et les bronchiolites à répétition, j’avais fini par le laisser dormir sur moi. J’ai repris le travail lorsqu’il avait 3 mois, mais avec du recul, je me dis que j’aurais dû m’arrêter jusqu’à ses 6 ou 8 mois. J’ai repris si tôt car on m’avait proposé un poste plus sédentaire que celui que j’occupais avant. La contrainte était de reprendre directement après mon congé maternité. Cela m’a malgré tout permis d’avoir une vie plus organisée. Tout a commencé à s’apaiser, quand mon fils a arrêté les traitements médicaux, au bout de 8 mois.
Anaïs : Quand je suis rentrée de la maternité, ma mère est restée auprès de moi pendant 3 semaines pour m’aider, surtout sur le plan logistique. Au début, j’avais l’impression d’être un fast-food ambulant ! J’ai allaité ma fille jusqu’à ses 2 mois et demi. J’ai ensuite repris le travail quand elle avait 4 mois et je dois l’admettre, j’étais épuisée. J’allais même à l’infirmerie de mon entreprise pour pouvoir me reposer. J’ai trouvé toute la partie matérielle difficile. J’ai fait quelques sorties entre copines en prenant des baby-sitters, mais j’avais et j’ai toujours beaucoup de mal à la laisser.

Est-ce que cette naissance vous a donné une nouvelle énergie ?

Nathalie : Je pense avoir revu à la baisse mes projets, mais j’arrive à faire plus de choses, j’ai notamment réussi à entamer un rééquilibrage alimentaire. Et dans ma vie professionnelle, j’ai dû prendre plus de responsabilités, même si ce n’était pas ma volonté au départ et je m’en sors finalement très bien.
Je dirais que je suis plus fatiguée physiquement mais que j’ai plus d’énergie. J’ai envie de reprendre des choses que je faisais avant ma première grossesse, comme le kitesurf… Le champ des possibles s’est réouvert. J’éprouve moins de culpabilité. Quand on arrive à 40 ans, on se dit que c’est le moment ou jamais et que l’on n’a plus rien à prouver ou presque. Il faut vraiment écouter son instinct.
Virginie : Je me concentre beaucoup sur ma vie de famille et j’en suis ravie. On essaie de faire beaucoup de choses à 4. On a acheté une maison de campagne, on voyage aussi. Aujourd’hui, j’en suis cependant encore à rêver de retrouver le temps de m’occuper de moi et de faire du sport.
Anaïs : En ce moment, l’idée qui commence à germer dans ma tête est celle de rencontrer quelqu’un. J’ai envie de faire confiance à la vie. Je me dis que ce serait certainement plus facile avec un homme qui a déjà des enfants d’ailleurs. Mais même célibataire, je ressens un sentiment de plénitude que j’attendais depuis toujours. La priorité pour moi, c’est de recréer un cercle d’amis même si je n’ai jamais souffert d’avoir mis ma vie sociale entre parenthèse pour avoir ma fille. Les choses vont donc reprendre leur cours tranquillement.

Crédit photo :  Jordan Whitt sur Unsplash