Chez vous aussi, la conversation reprend à l’approche de chaque rentrée ? Et si on le/la mettait au piano / guitare / violon ? Est-ce que c’est trop tôt ? À quel âge on commence à pratiquer un instrument de musique ? On a posé nos questions à Claire Wyniecki, violoniste-altiste, musicologue et fondatrice de Le Bon Ton, une école de musique pas comme les autres du IXe arrondissement de Paris.
À quel âge recommandes-tu de débuter la pratique d’un instrument de musique ?
Claire Wyniecki : On est tous pareil, les parents, on a peur de louper une marche. Très sincèrement, dans notre école Le Bon Ton, on ne conseille pas l’apprentissage d’un instrument en-dessous de 7 ans(disons, cours d’essai en fin CP et début des cours réguliers et du travail personnel début CE1). Avant, les enfants prennent de mauvaises habitudes ou des mauvaises postures très compliquées à perdre ensuite. À partir de 7 ans, la mémoire corporelle est bien plus mature. Et si c’est 8 ou 9 ans, c’est très bien aussi.
Avant cet âge, comment sensibiliser les enfants à la musique ?
En France, on valorise la pratique d’un instrument au détriment de tout le reste mais, avant de pratiquer, il faut d’abord baigner dans les connaissances musicales, connaître les instruments, voir un concert, chanter, écouter de la musique, danser… Aimer la musique en fait !
Que conseilles-tu pour partager la musique avec eux ?
L’éveil musical, c’est dès la naissance et c’est un shoot sensoriel extraordinaire. Ça passe par beaucoup de choses : lire des albums de comptines, chanter avec l’enfant, lire une histoire en y mettant le ton, écouter de tout avant l’entrée à la Maternelle, pas que du Mozart, des musiques du monde avec différents langages. Le baby talk fait aussi partie de cette initiation à la musique : les variations de notre voix éveillent les oreilles des enfants.
Dès la naissance, on peut aussi participer à des ateliers d’éveil musical. Au Bon Ton, les enfants peuvent toucher et entendre les instruments, choisir un objet, faire une proposition musicale, former un duo avec le professeur, d’autres enfants vont se greffer à l’orchestre, c’est une formidable expérience sociale et de confiance en soi.
Quels sont les bienfaits apportés par la pratique d’un instrument ?
De mon parcours personnel, je remarque ce que l’instrument m’a apporté en dehors de la musique : la gestion du stress, la mémoire, la persévérance, l’effort, se remettre en question, être courageux, mais aussi la posture scénique, se présenter devant les autres et être à l’aise en public.
Quel instrument choisir pour un enfant et comment ?
Le mieux, c’est d’entendre des instrumentistes. L’événement Tous à l’Opéra! qui se tient chaque printemps partout en France permet d’assister gratuitement à des concerts, c’est une bonne occasion, mais il y en a plein d’autres !
L’Orchestre de Paris par exemple a fait des vidéos pour présenter les instruments d’un orchestre symphonique. Le module s’appelle figures de notes et il est disponible sur www.orchestredeparis.com. Souvent, les enfants marchent au coup de cœur, il ne faut pas faire attention à la difficulté supposée. Au Bon Ton, les cours d’éveil musical proposent aussi une découverte des instruments à travers leur histoire, des anecdotes, des « potins ».
Pour le choix de l’instrument, à partir de 7 ans, on peut tout faire… Maisle piano est un instrument qui sert toujours.
Quelle structure privilégier pour les cours de musique ?
Bien sûr, il y a le Conservatoire. C’est une école de musique, dans laquelle on entre à 7 ans (à Paris, c’est sur tirage au sort). Les cours sont dispensés par des professeurs de haut niveau. Généralement, on finit le Conservatoire entre 18 et 25 ans. Il y a 3 cycles d’enseignement, avec un examen tous les ans, au cours duquel on passe en public devant un jury. L’enseignement comprend aussi un cours de solfège et une pratique collective, l’enfant a donc au moins 3 cours par semaine. Au niveau musical, c’est top, mais cela impose un réel engagement de temps. Il faut que les parents suivent, il faut aussi un bon instrument…
Les écoles de musique sont souvent plus accessibles avec un engagement en temps moins important.
Et si on opte pour un professeur particulier, on se tourne vers le Conservatoire le plus proche de chez soi pour avoir une recommandation. C’est bien s’il a le DE (l’équivalent du Capes) ou le CA (équivalent de l’Agrégation).
Comment réagir si mon enfant dit qu’il veut arrêter sa pratique, va au cours à reculons ?
Déjà, c’est normal. Aucun enfant n’a envie de bosser son instrument, c’est du travail. Je recommande tout de même de ne pas lâcher : la plupart des adultes qui ont abandonné enfant sont déçus de l’avoir fait. Pour encourager la pratique, on peut fonctionner aux récompenses. Et en cas de blocage, il peut être intéressant de proposer un ou deux cours avec un autre professeur.
Une chose est sûre : il faut être investi dans la pratique de son enfant en tant que parent, sinon, ça ne marchera pas. On peut assister au cours de temps en temps, imposer la pratique quotidienne (en ménageant un jour de pause par semaine). Surtout, il faut valoriser la pratique et être présent aux concerts : ne pas y être, c’est vraiment ne pas passer le bon message.
Crédit photo : Felix Koutchinski – Unsplash
