Confidences de maman : l’art et la maternité selon Floriane de Lassée

La dernière série de portraits entamée par la talentueuse Floriane de Lassée est un hommage aux marcheuses africaines qui portent la vie de leur famille sur leurs têtes. Devenue maman en 2014, la photographe adepte de tours du monde et de jungle urbaine enchaîne les voyages, les expositions et les belles collaborations, sans jamais quitter mari et bébé. Itinéraire et confidences d’une maman artiste à peine fatiguée de voyager…

La première image qui me vient lorsque je pense à Floriane est une photo exposée au Women’s Forum de Deauville en 2013, tirée de sa série Inside Views : dans un décor urbain et irréel, éclairé par les lumières de la ville, une femme est à sa fenêtre, elle regarde vers l’extérieur, à la fois impérieuse et fragile. Floriane aime photographier les femmes dans des tableaux composés avec minutie, suggérant toujours l’influence de leur environnement direct sur leur intimité. Pour créer ces scènes, elle part au bout du monde –Népal, Inde, Rwanda, Inde, Indonésie, mais aussi Shangaï, Tokyo, Las Vegas, New York…- à la rencontre de ses personnages, observe leur vie et leur rend hommage avec ses clichés. La série How Much Can You Carry en témoigne : c’est en observant les femmes en Ethiopie avec leurs énormes ballots sur la tête, portant de l’eau, de la nourriture ou du bois qu’elle a eu envie de les photographier : « c’est une métaphore de la charge d’une famille nombreuse, du poids de la vie », m’explique-t-elle.

La vie des familles rencontrées résonne d’autant plus aujourd’hui pour la photographe et son mari : la naissance de Nathanaël a bouleversé le programme des voyages du couple qui partage le même métier et les mêmes valeurs humanistes. Partir pour un mois en Turquie avec un bébé de six mois, elle l’a fait, mais elle admet que la logistique prend désormais beaucoup de place : recruter une baby-sitter, trouver un siège auto, une baignoire et un lit parapluie dans une ville qu’elle ne connaît pas relève du parcours du combattant… « En général je trouve un contact sur place, et je tire sur le filon pour emprunter tout le nécessaire », confie-t-elle.

« Mère poule », et bohème…

Sous ses airs d’artiste bohème se cache en fait un bourreau de travail organisé et méticuleux, -« une mère poule » selon son mari- qui a suivi un stage de secouriste plutôt que des cours d’allaitement, et qui s’astreint à servir à son fils des petits pots bio ou faits maison, même à l’autre bout du monde. Plutôt étonnant de la part d’une baroudeuse pour qui « avoir des enfants n’était pas une évidence », tant elle était comblée par son travail. Résultat, elle gère la maternité comme son métier : avec autant de rigueur que de décontraction. Partout où elle va, elle choisit ses nounous au feeling : « J’ai une grande confiance dans l’être humain en général, tout ce que je demande, c’est quelqu’un de réactif : sait-elle où est l’hôpital le plus proche et comment elle réagit en cas d’accident ».

Loin d’être décousue, cette vie un peu nomade donne l’impression au couple de partager plus avec son enfant, et de former un trio très soudé. « Nous avons la chance d’avoir un bébé très cool, il a l’air aussi excité que nous lorsqu’on arrive à l’aéroport, il est très ouvert », me dit-elle, « c’est comme s’il avait pris l’habitude de voir le monde se transformer autour de lui », ajoute Nicolas, le papa, heureux de se joindre à la discussion… Les deux artistes, décidément sur la même longueur d’onde, rêvent ensemble de leur prochain voyage en Corée du Sud, et d’un deuxième enfant, qui pourrait bien découvrir l’Inde ou l’Afrique avant le Jardin des Plantes.

Cet été, après un passage à Paris, ils s’installeront à Bonifacio où leurs clichés sont exposés en plein-air jusqu’au 31 octobre. Au milieu des valises, j’en ai profité pour faire un point sur leurs rêves, leurs rituels et astuces de voyage avec Nathanaël.

 

Que mets-tu dans le sac à langer de Nathanaël lorsque tu pars en voyage ?

Pour la pharmacie, je me contente de trois essentiels : Rifamycine pour les yeux, Doliprane pour la fièvre et Adiaril pour la déshydratation. Mes dosettes de lait en poudre, parce qu’un biberon remplace n’importe quel repas si je ne trouve rien sur place. Des lingettes antibactériennes et une couverture de survie ! C’est une de mes découvertes : c’est très utile pour maintenir le chaud comme le froid, très léger, et efficace en cas de panne de train ou de bus prolongée (et ça ne coûte que 2,50€ !).

L’objet qu’il vaut mieux ne pas oublier…

Sa berceuse de voyage pour l’endormir. C’est un petit mobile que je transporte partout, ça lui suffit pour se sentir chez lui n’importe où.

Tes astuces système D pour voyager avec un bébé ?

La couverture de survie, et une grande valise qui a déjà fait office de lit pour Nathanaël chez des amis où nous n’avions pas de lit parapluie…

Des sites recommandés pour voyager avec un bébé ?

Lorsque j’étais en Turquie, j’ai découvert le site hotelmomcierge.com, qui permet de trouver une baby-sitter ou de louer du matériel pour bébés à Istanbul et Bodrum, dommage que ce type de service n’existe pas partout !
Sur notre blog, letourdunmonde.com, j’indique quelques adresses et bons plans testés avec ou sans Nathanaël lors de nos tours du monde.

Les pays que vous rêvez de revoir avec vos enfants ?

J’adorerais barouder avec eux à Madagascar, mais c’est certainement le pire pays pour des enfants d’un point de vue sanitaire, j’attendrai qu’ils aient sept ou huit ans… LaNamibie, précisément le Parc national d’Etoscha, est une destination idéale pour voyager en famille, parce que le climat est tempéré, et qu’on peut partir seuls à la recherche des animaux, dormir dans des 4×4 avec une tente sur le toit… C’est vraiment l’aventure.


Son actualité

Actuellement à Bonifacio, Floriane travaille en parallèle pour une marque de luxe , qui lui a donné carte blanche pour une prochaine campagne. Ses œuvres seront également visibles au Festival photographique de Moncoutant en Haute Loire (jusqu’au 27 septembre 2015), et à la Galerie Edelman de Chicago (du 11 septembre au 31 octobre 2015). À Paris, Floriane de Lassée est représentée par La Galerie Particulière (16, rue du Perche, 75003).

Plus d’infos : florianedelassee.com  et nicolashenry.com

Crédit photo : Les Louves