Le sommeil du bébé à l’entrée en crèche : les conseils de Kelly Champinot

Pour des jeunes parents et leur nouveau-né, l’entrée en crèche représente une étape importante : à peine trouvé le rythme des repas et des siestes à la maison, arrive le moment de l’adaptation et des premières heures dans un tout nouvel environnement… Comment aider son bébé à trouver ses marques ? Comment créer de nouveaux rituels en dehors du foyer et les conditions d’un bon sommeil pour son bébé ? Avec la complicité de Choisir Ma Crèche, on a demandé à l’experte du sommeil des bébés, Kelly Champinot, de nous guider pour une entrée en crèche en toute sérénité. 

Que représente l’entrée en crèche pour le sommeil d’un bébé de 3 à 6 mois ? 

Il faut prendre en compte le tempérament de l’enfant. Certains sont plus flexibles et plus adaptables que d’autres et peuvent s’endormir n’importe où. Les bébés que l’on appelle « BABI » – bébés au besoins intenses -, eux, ont un rapport particulier à leur principale figure d’attachement, en général la maman : ils ont davantage besoin d’elle et ont moins d’adaptabilité… D’un enfant à l’autre au sein d’une même fratrie cela peut donc se passer très différemment. 

Est-ce que l’entrée en crèche peut perturber le sommeil d’un enfant ?

Le rythme du sommeil d’un bébé en crèche aura évidemment un impact sur son sommeil de nuit à la maison : la nuit, durant les phases de sommeil agité, l’enfant revit une partie de sa journée. Il fait le tri entre les choses difficiles à digérer et les choses nouvelles, cela peut venir chahuter le sommeil de nuit. Mais ce tri est aussi ce qui lui permet de développer ses capacités d’adaptation émotionnelle par la suite.  

Vous cherchez une place en crèche ? Inscrivez-vous ici et vous serez recontactés par Choisir Ma Crèche.

Y a-t-il un âge idéal pour l’entrée en crèche ? 

Entre 4 et 6 mois c’est la bonne fenêtre de tir. Les heures de repas commencent à être régulières, et comme sommeil et alimentation sont très liés, on a le temps de mettre en place les fondamentaux en amont pour un sommeil optimal. On travaille ensuite conjointement avec la crèche pour créer ou conserver un rythme. 

Entre 7 et 9 mois, c’est le début de l’angoisse de séparation, qui peut être présente jusqu’à environ 18 mois, on ira encore plus en douceur pendant cette période pour une transition plus sereine de la maison à la crèche. 

Comment préparer son bébé durant les semaines qui précèdent l’entrée en crèche ?

Je distingue deux cas de figure :

1/ Certains bébés dès 2 mois commencent à être très rythmés sur l’alimentation, et on voit se dessiner 3 ou 4 siestes dans la journée : deux le matin et deux l’après-midi, ou une le matin et deux l’après-midi. On peut alors travailler la régularité du rythme avant l’entrée en crèche : essayer d’imposer des horaires de siestes et de repas, sachant que les phases d’éveil à cet âge-là durent entre 1h et 1h30. 

2/ Pour les bébés qui n’ont pas encore de rythme, on fait en sorte qu’ils n’arrivent pas à la crèche avec une dette de sommeil ; car couplée avec l’adaptation émotionnelle cela peut rendre les choses plus compliquées. La journée, on pourra écourter les phases d’éveil à 1h et recoucher son bébé le plus souvent possible, même pour des micro-siestes de 30 ou 45 min, afin qu’il dorme le plus possible. Il faut toujours garder en tête que le sommeil appelle le sommeil, donc il faut enclencher une dynamique positive pour favoriser aussi le sommeil de nuit. 

Faut-il adopter en amont les horaires de la crèche à la maison ? Pour le réveil du matin par exemple ?

Oui, si on connaît déjà les horaires de la crèche on peut préparer son bébé une semaine ou deux avant. Si vous devez déposer votre enfant à 8h30 par exemple, et qu’il a pris l’habitude de dormir jusque 8h30, il faut anticiper et essayer de régler son horloge biologique : avancer tous les soirs d’un quart d’heure son heure de coucher. Le matin, on le réveillera un quart d’heure plus tôt… Même si dans la mesure du possible « on ne réveille pas un enfant », on peut commencer ainsi par tranches de quarts d’heures pour qu’il se mette au diapason des horaires de la crèche. 

Comment organiser au mieux l’adaptation pour que son bébé trouve son rythme entre la crèche et la maison ? 

Le lâcher-prise au moment du sommeil nécessite une certaine confiance, donc que l’enfant se soit un peu approprié les lieux. On commence donc l’adaptation par les phases d’éveil, en testant les différents temps d’éveil de la journée. Une heure le matin, puis une heure l’après-midi, en présence de la maman. Ensuite on intègre un repas, puis un autre à une heure différente : le biberon du midi, puis le biberon de l’après-midi. Puis on intègre une sieste, la plus facile à faire pour 80% des enfants est celle du matin, ils trouvent plus facilement leur sommeil. 

L’idéal serait de faire l’adaptation sur 10 jours plutôt que 5 pour bien décomposer leur rythme. Pour la première sieste, la maman peut être là au moment du coucher et du réveil pour rassurer son bébé, et laisser faire l’équipe de la crèche pour les suivantes.  

Certains bébés prennent l’habitude de s’endormir dans les bras, bercés, ou avec de la musique… Faut-il reproduire les rituels d’endormissement de la maison à la crèche ?

C’est toujours bien de communiquer avec les professionnels de la crèche afin qu’ils sachent comment ça se passe à la maison. Ils n’auront pas toujours la possibilité de reproduire les rituels mais tâcheront de s’en rapprocher et cela les aidera à comprendre l’enfant. Mais il faut savoir que les enfants ont une grande capacité à comprendre leur environnement et à compartimenter. On voit des bébés qui ont besoin de rituels bien précis pour s’endormir à la maison, et qui s’endorment plus facilement à la crèche sans aucun conditionnement. 

Et si notre enfant est un « BABI » qui a besoin des bras et de beaucoup d’attention, comment aiguiller la crèche pour qu’il trouve son sommeil ?

Les BABI ont plus de mal à lâcher prise et à trouver leur sommeil. Ces bébés s’endormiront parfois sur un tapis d’éveil ou dans un transat plutôt que dans leur lit car ils ont besoin d’une proximité (présence ou contact direct) avec la référente de la crèche (ou autre personne avec qui un transfert peut se faire…). Certaines crèches ont des porte-bébés pour répondre à ce besoin. En tant que parent, il faut signaler cela aux professionnels dès les premiers entretiens et peut-être choisir la crèche en fonction. Une micro crèche avec moins d’enfants et plus de personnel par enfant sera plus adaptée. Mais que l’on se rassure, avec le temps, ces besoins s’atténuent et les bébés lâchent prise peu à peu, il faut juste gérer la séparation en douceur. 

Faut-il habituer son bébé à dormir avec du bruit autour ?

Oui, je le dis souvent, ne vous empêchez pas de vivre ; il ne faut pas avoir peur de faire du bruit quand un bébé dort la journée. Plus on met son bébé dans un cocon, plus on le rend intolérant au moindre bruit… En revanche la nuit, il faut limiter les bruits et éviter de le stimuler. 

Un bébé peut-il se mettre à moins bien dormir la nuit suite à son entrée en crèche ?

Oui, s’il dort très peu la journée à la crèche, cela peut présager d’un endormissement plus compliqué et d’une mauvaise nuit. Un enfant fatigué se montre tendu et hypertonique et il a tendance à manger moins bien. Au bout de quelques semaines à ce rythme, on entre dans ce que j’appelle la « dette de sommeil ».  On peut alors s’attendre à des réveils nocturnes à partir de 1h ou 2h du matin, durant la phase de sommeil léger, et à un réveil fréquent autour de 5h du matin. 

Comment réagir si l’on rencontre ce type de problème ?

Il faut compenser en le couchant plus tôt, ne pas hésiter à lui faire faire une sieste de fin d’après-midi. C’est une fausse peur de croire qu’il se réveillera plus tôt si on couche un enfant plus tôt… Il faut surtout qu’il puisse récupérer et sortir du cercle vicieux de la dette de sommeil. Pour rappel, un bébé de 4 mois a besoin de 11 à 12h de sommeil par nuit. 

Pour les plus grands, autour d’un an, comment faire pour garder un bon rythme de sommeil entre la crèche et la maison ?

Les plus grands savent résister davantage au sommeil. Pour garder le rythme, c’est aux parents de communiquer un maximum avec le personnel de la crèche : observer comment cela se passe à la maison quand l’enfant est fatigué, donner des horaires précis et demander à ce qu’ils soient respectés le plus possible à la crèche. On peut échanger aussi sur le programme des activités de la journée : que se passe-t-il quand mon enfant passe chez les « moyens » ? Quand supprime-t-on la sieste du matin ? Veiller à ne pas la supprimer trop tôt car elle reste très importante jusqu’à 15 mois. 

Tes conseils pour les parents qui prendront bientôt le chemin de la crèche avec leur tout-petit ?

1/ Pour les rassurer si leur enfant dort peu à la crèche, je rappelle qu’il y a une différence importante entre le sommeil de jour et le sommeil de nuit. La sieste permet à l’enfant de se reposer alors que le sommeil de nuit lui permet de grandir, de voir son système immunitaire se développer, et permet au cerveau de s’organiser et de faire les connexions entre les neurones, de valider les acquis…

2/ Pour les bébés plus grands à partir de 7/9 mois, ne pas hésiter à demander au personnel de crèche de réveiller leur enfant lorsque la sieste dépasse une certaine heure (à voir au cas par cas, entre 16h et 18h selon les enfants et l’âge) pour que cela n’impacte ni le rythme de l’alimentation,  ni le coucher du soir, ni le sommeil de nuit. 

Kelly Champinot est spécialiste du sommeil du bébé, pour en savoir plus sur les accompagnements qu’elle propose aux parents, découvrez son site : bébéetconfidences.com

Vous cherchez une place en crèche ?

Choisir ma crèche vous aide à trouver votre perle rare. (Pour savoir comment c’est ici )
Inscrivez-vous ici, vous serez recontactée dans les 24h (hors week-ends et jours fériés).

Réalisation : Les Louves x Choisir Ma Crèche
Crédit photo : Belly Balloon Photography / Les Louves