Quelles sont les compétences du nouveau-né à la naissance ? Comment évolue-t-il au fil des premiers mois ? Comment comprendre ses besoins et accompagner son éveil semaine après semaine ? On décrypte pour vous les grandes étapes de l’apprentissage des tout-petits pendant leur première année : 12 mois d’un parcours fascinant, où le bébé développe autant sa motricité, que son langage et sa relation à l’autre. Avec la complicité de Stokke, la marque de puériculture scandinave pensée pour favoriser la connexion avec les bébés, nous avons posé nos questions à Laëtitia Truelle*, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des tout-petits.
Quelles sont les compétences du nouveau-né à la naissance ?
Quand le bébé naît, il est à la fois extrêmement vulnérable et doté d’une réserve de compétences qui vont se développer dans l’avenir. Il a ainsi déjà tout ce qu’il faut pour développer sa motricité (marche, mouvement), son langage et sa relation aux autres : ce sont les trois champs essentiels de son développement. Le rôle du parent va être de lui donner un environnement chaleureux, stable et prévisible mais aussi affectueux et bienveillant pour lui permettre de développer ses compétences.
Vous parlez de la marche, de la prise en main, des mouvements du bébé : quelles sont les grandes étapes du développement de sa motricité la première année ?
Le premier challenge du tout-petit est de maintenir son équilibre corporel. Il va apprendre petit à petit à contrôler sa motricité et à faire des gestes de plus en plus maîtrisés. Par exemple, à partir de 4 mois environ, il va commencer à attraper un objet, puis l’amener à la bouche, le passer d’une main à l’autre, etc. Il explore d’abord le monde avec sa bouche, : ses nombreux capteurs et récepteurs sensoriels lui permettent de retenir les propriétés de chaque objet.
Au cours de cette première année de vie, le bébé mène des expériences souvent basées sur la répétition : par exemple quand il jette un objet, il va observer s’il y a une différence quand l’objet est proche ou éloigné, s’il fait du bruit, s’il revient, s’il se passe la même chose à chaque lancer… Il effectue tout un travail de mise en lien entre ses actions et son environnement.
Sur cette période, il met en place des schémas moteurs, il va apprendre à se mouvoir librement, avec des mouvements harmonieux et qui utilisent le minimum d’énergie.
Ce développement moteur soutient beaucoup d’apprentissages dans la première année. D’abord il y a l’acquisition de la marche qui peut commencer dès 9-10 mos jusqu’à environ 18 mois, et qui passe par plusieurs étapes : le bébé va d’abord se retourner sur le ventre, puis sur le dos, il va ensuite ramper puis tenir assis, s’agripper pour se mettre debout, expérimenter l’équilibre debout… À chaque étape il voit le monde sous un autre angle, ce qui va renforcer son désir d’exploration.
L’apprentissage du langage suit-il la même logique ?
De la même façon qu’au niveau moteur, le bébé naît avec tout ce qu’il faut pour repérer le langage de l’autre : il sait l’écouter, l’entendre, le séquencer. Il a d’ailleurs déjà développé son ouïe in utero : dans le ventre de sa mère il entend déjà la prosodie du langage. À la naissance, il va rapidement repérer la prosodie de la langue qui est la plus utilisée dans son entourage et se tourner vers elle. Il est plus attentif aussi au langage qui lui est adressé, d’autant plus quand on y donne une mélodie particulière et qu’on l’accompagne de mimiques et expressions du visage accentuées.
Avant de savoir parler, comment le bébé réussit-il à se faire comprendre et à s’exprimer ?
Dans les premières semaines, le bébé s’exprime à travers les cris, les pleurs, ses gestes et mimiques. Puis il va apprendre à prononcer des syllabes, comme « bababa », « papapa », « mama ». Ensuite il va associer deux syllabes et former ses premiers mots…
L’explosion du langage se fait généralement entre les 1 an et 2 ans : petit à petit, le bébé va sélectionner les sons qu’il entend et les retenir, il va être capable de comprendre des phrases simples, et de produire quelques mots. Il communique aussi beaucoup par les gestes (il pointe du doigt, il se dirige vers l’objet…)
L’environnement du bébé est essentiel : les parents doivent parler à leur bébé pour qu’il puisse entendre les sons et que les connexions neuronales se fassent dans son cerveau. Il faut parler à son bébé pour qu’il parle ! Le développement du langage, est aussi le développement de la relation à l’autre
Comment accompagner son bébé à chacune de ces étapes ? Peut-on participer à son éveil et le stimuler ?
Le parent doit être humble ! Il doit avoir en tête qu’il est là pour soutenir le développement de son enfant et son désir d’exploration plutôt que pour lui apprendre. On a par exemple très envie d’apprendre à son enfant à s’asseoir : or il est important de laisser l’enfant aller à son rythme, de ne pas l’installer en position assise s’il ne sait pas le faire tout seul.
Il faut laisser l’enfant exercer et éprouver au maximum son influence sur l’environnement, en favorisant la motricité libre. On le voit d’ailleurs beaucoup dans les crèches : les enfants sont installés au sol, on les laisse se mouvoir, explorer leur environnement.
Il est aussi important d’observer son bébé, quand il joue, quand il explore. On peut ainsi repérer des détails pour mieux l’accompagner : vérifier qu’il n’ait pas de manches trop longues qui entravent les mouvements de ses mains et de ses bras, un pantalon trop long ou des chaussettes qui glissent qui l’empêcheraient de prendre appui et de trouver son équilibre… Il est très important que le bébé ait toute sa motricité à disposition ! Le rôle du parent est donc de l’observer, de voir comment il manipule les objets, comment il explore autour de lui, et de comprendre comment il peut encourager et soutenir son bébé.
On va aussi le voir faire des essais et des erreurs : dans ce cas, même s’il est très tentant de faire à sa place, surtout quand il répète son geste des dizaines de fois, il est préférable de le soutenir verbalement ! C’est essentiel de le laisser faire, c’est grâce à la répétition qu’il apprend.
Le rôle du parent est finalement de laisser petit à petit sa place à l’enfant. On le soutient ainsi pour qu’il aille à la rencontre de l’objet, à la rencontre de l’autre. Et finalement on lui laisse la place pour grandir.
Une recommandation de lecture ?
Les Premières années de bébé, de Geneviève Appell
*Laëtitia Truelle est psychologue spécialisée dans l’accompagnement des tout-petits, de 0 à 3 ans et fondatrice de la Cabane bleue, une association d’accueil enfants parents.
Réalisation : Stokke x Les Louves
Crédit photo : BellyBalloonPhotography x Les Louves