On les glorifie pour leurs bienfaits, on les impose à table… et pourtant, ils font souvent la grimace des enfants (et parfois des adultes !). Oui, les légumes sont importants, mais non, ils ne sont pas les seuls à mériter notre attention. Manger, c’est bien plus qu’un apport nutritionnel : c’est aussi du plaisir, du lien, et une exploration sensorielle. Sarah Duchenne, diététicienne nutritionniste spécialisée en périnatalité et pédiatrie nous invite à repenser l’assiette de nos enfants avec plus de variété, de souplesse… et un peu moins de pression…
On nous répète régulièrement que les légumes sont le meilleur aliment pour la santé. Et pourtant… à voir la tête que font nos enfants à la vue d’un brocoli ou d’une endive, on se demande parfois si ce n’est pas un mythe qu’on tente de perpétuer, souvent dans la douleur. Alors, remettons un peu les choses en perspective.
Pourquoi mange-t-on, au juste ?
Se nourrir, bien sûr. Avoir de l’énergie, évidemment. Mais pas que. Manger, c’est aussi partager, découvrir, ressentir, savourer. C’est une exploration des sens, une porte ouverte sur les textures, les odeurs, les goûts. C’est un moment de convivialité, de plaisir, un lien avec les autres et avec soi-même. C’est encore plus vrai lorsqu’on accompagne un enfant dans la découverte de la diversification alimentaire.
Les légumes : une vraie richesse… mais pas seuls sur le trône
Les légumes sont précieux. Ils sont composés en grande majorité d’eau, de fibres, de vitamines, de minéraux, parfois d’un peu de sucre naturel (le fructose). Ils favorisent la satiété, stimulent le transit intestinal, nourrissent le microbiote… et oui, ils ont toute leur place dans l’assiette d’un enfant (et dans la nôtre).
Mais les légumes ne suffisent pas à eux seuls. Le corps a besoin d’une diversité d’aliments pour bien fonctionner :
– Des féculents pour apporter de l’énergie via les glucides,
– Des protéines (viande, poisson, œufs, légumineuses) pour construire et réparer,
– Des matières grasses pour les lipides essentiels,
– Des produits laitiers pour le calcium et encore un peu de protéines,
– Des fruits pour compléter en vitamines, fibres et sucres rapides.
Bref, il n’y a pas de super aliment. Pas de hiérarchie rigide à imposer. Juste une belle variété à inviter à table, avec souplesse et bienveillance.
Un nouvel équilibre
Plutôt que de mettre les légumes sur un piédestal (et de les faire tomber avec fracas), peut-être qu’il est temps de les remettre à hauteur d’enfant. Les traiter comme les autres aliments, ni mieux, ni moins bien. Ne pas en faire un sujet de tension. Accepter qu’un jour ils soient boudés, et qu’un autre jour ils soient goûtés. Redonner au repas sa vraie valeur : celle d’un moment de partage, de détente, de découverte.
Alors on respire, on coupe deux carottes en forme de cœur ou pas du tout, et on se rappelle que le plus important, c’est de transmettre du plaisir à table. Le reste suivra.
Sarah Duchenne est diététicienne nutritionniste spécialisée en périnatalité et pédiatrie – allaitement.
Retrouvez la sur son compte Instagram @sarah_diet_perinatale
Crédit photo : Belly Balloon Photography