Connexion frère-sœur : bien se préparer à l’arrivée d’un deuxième enfant

Votre famille va accueillir un deuxième enfant et vous vous réjouissez déjà à l’idée de voir votre aîné devenir grand frère ou grande sœur. Mais c’est tout un nouvel équilibre qu’il va falloir créer pendant les 9 mois de votre grossesse et à l’arrivée de votre bébé, pour que chacun trouve sa place dans cette nouvelle famille. On a posé toutes nos questions à une psychologue spécialiste de la périnatalité, pour préparer au mieux l’arrivée d’un deuxième bébé dans la famille.

Les choses à savoir avant l’arrivée d’un deuxième bébé

Soigner l’annonce de votre grossesse

Vous êtes enceinte et heureuse de pouvoir enfin partager cette grande nouvelle avec votre aîné. « Je conseille de soigner l’annonce de sa grossesse, pour bien préparer son aîné, souligne Jeanne Ribierre, psychologue spécialiste de la périnatalité. Choisissez un moment opportun, au calme, pour prendre le temps de lui expliquer, avec des mots simples, que « papa et maman ont fait un autre enfant, qu’il arrivera à telle date ». Votre enfant posera ensuite ses propres questions, vous pouvez également lui demander ce qu’il en pense, puis partir des mots qu’il emploie pour vous mettre à son niveau et répondre à ses questions ». Même si votre tout-petit n’a pas encore le langage, n’hésitez pas à lui annoncer la naissance à venir : « il est essentiel de lui parler, d’expliquer la situation, peu importe son âge ». Faut-il lui faire des petites piqûres de rappel pendant la grossesse ? « Tout dépend de la réaction de votre enfant, estime Jeanne Ribierre : certains ignorent le futur bébé, d’autres posent des questions, ont des attentions pour le ventre de leur maman qui grossit… Soyez attentif à ses réactions et ajustez vos explications en fonction de ce qu’il exprime ». Et pensez à donner des repères simples pour l’aider à se projeter : « le bébé arrivera avant Noël/Après ton anniversaire/avant ta rentrée à l’école/etc. »

Votre enfant doit rester à sa place

« Je rappelle souvent qu’il faut expliquer que le bébé est fait à deux : ce n’est pas juste la maman qui a fait le bébé, mais c’est une décision de couple, un bébé se fait avec le papa et la maman », explique la psychologue. De même, rappelez-vous qu’un enfant doit rester à sa place d’enfant : « il n’a pas son mot à dire sur le fait d’avoir un frère ou une sœur, ce n’est pas lui qui prend la décision, et il est important de le laisser dans sa position d’enfant ». Ainsi, on ne laisse pas à l’aîné la responsabilité du choix du prénom, même si on peut l’impliquer évidemment : « il doit comprendre que le mot final reste aux parents. En effet, lui donner voix au chapitre ne va pas forcément diminuer son ressentiment vis-à-vis de l’arrivée d’un deuxième et peut même au contraire générer des angoisses, s’il comprend que ses actions ou ses choix peuvent avoir des conséquences sur l’arrivée de son petit frère ou sa petite sœur ».

Quelle réaction doit avoir l’aîné à l’annonce de l’arrivée d’un deuxième enfant ?

Heureusement, il n’y a pas de réaction type ! « L’enfant peut être indifférent, fier ou en colère, ou tout en même temps, ou l’un après l’autre : l’ambivalence est normale dans cette situation, tout comme une femme qui apprend sa grossesse peut réagir de mille façons différentes », rassure Jeanne Ribierre. L’important est d’accepter et d’écouter l’aîné, même si ce qu’il dit n’est pas forcément agréable (« je n’aime pas le bébé, je ne veux pas le garder, on doit le ramener à la maternité », etc.) et de le rassurer. « On doit l’autoriser à exprimer son ressentiment, accepter les émotions de colère, de jalousie ; mais aussi lui expliquer ce qui va arriver et bien valoriser son rôle de futur grand frère ou grande sœur en lui parlant des bénéfices qu’il en tirera ». Car l’arrivée d’un autre enfant dans la famille peut être dure à accepter : « l’aîné ressent une perte, parce qu’il n’est plus le centre unique de l’attention des parents, et il doit se construire une nouvelle place. Il est important de lui expliquer avant même l’arrivée du deuxième que l’amour ne se divise pas, il se multiplie. La peur de ne pas avoir tout l’amour de ses parents est la racine de la jalousie, il est donc essentiel de lui faire comprendre que les parents ont autant d’amour à donner pour chaque enfant », souligne Jeanne Ribierre. Reste qu’il faut également lui faire comprendre qu’en revanche on ne peut pas multiplier les bras et les jambes, et que le bébé a besoin de beaucoup d’attention les premiers mois…

 

©bellyballoonphotography/leslouves / Connexion frère soeur
©bellyballoonphotography/leslouves

À l’arrivée du bébé

Comment préparer l’aîné à l’arrivée du deuxième ?


« Je recommande toujours, quand c’est possible, que l’aîné soit présent à la naissance de l’enfant (et non en vacances chez les grands-parents par exemple) : il est important qu’il vienne à la maternité, qu’il accueille son petit frère ou sa petite sœur. On peut soigner les présentations : lui expliquer qui est ce bébé, pourquoi maman va devoir rester quelques jours à la maternité avec lui pour vérifier que tout va bien », conseille la psychologue. Veillez également à bien le préparer à l’avance sur ce qu’est un bébé pour qu’il ne soit pas déçu : non, il ne pourra pas jouer avec lui tout de suite, il va beaucoup pleurer, se réveiller la nuit, dormir le jour, demander beaucoup d’attention, etc. Bref, préparer votre aîné à être patient…

Comment créer la connexion entre frères et sœurs au quotidien ?

« C’est bien d’impliquer l’aîné, tout en veillant bien à ne pas le braquer : on ne le force surtout pas à s’occuper de son petit frère ou sa petite sœur, sous peine de créer des blocages », souligne Jeanne Ribierre. On peut ainsi lui proposer de temps en temps certaines missions, des petites tâches : pousser la poussette, aider à donner le biberon, aller chercher un bavoir, etc. « Si on accepte de confier le bébé à l’enfant – pour donner le biberon, pousser la poussette, le porter dans ses bras – il faut veiller à bien lui expliquer en amont comment faire pour que ça se passe bien et que l’enfant ait une bonne expérience de cette interaction ». Quand les deux ont grandi, n’obligez pas non plus l’aîné à partager ses jeux : prévoyez plutôt des espaces de jeux pour chacun, surtout s’il y a un écart d’âge important. Petite astuce pour les premiers mois : donnez une poupée à l’aîné, qui adorera imiter sa maman.

Un changement d’équilibre dans la famille

Passer de trois à quatre est compliqué, c’est un tout nouvel équilibre à trouver pour chacun. « Il faut réussir à trouver du temps pour chaque enfant individuellement, surtout pour l’aîné, pour lui montrer que l’on continue à s’intéresser à lui », conseille la psychologue. « Pour tisser le lien fraternel et également créer un lien à quatre, on essaie de trouver des jeux et activités à faire en famille, et on n’hésite pas à attirer l’attention sur la façon dont le petit réagit à l’aîné. Cela permet aux enfants d’apprendre à jouer ensemble ».

Les bonnes lectures pour préparer son aîné : les recommandations de Jeanne Ribierre

 

Sur l’attente pendant la grossesse :
Le ventre de ma maman. Toi dedans, moi devant, de Jo witek
Il y a une maison dans ma maman, de Giles Andreae
Quand je t’attendais, de Meritxell Marti

Sur l’amour maternel :
Mon amour, d’Astrid Desbordes

Sur l’ambivalence, la relation frère/sœur :
Un amour de petite sœur, d’Astrid Desbordes

 

Merci à Jeanne Ribierre, psychologue spécialisée en périnatalité, et membre du réseau Éveil & moi pour ses précieux conseils.  www.jeanneribierre.fr