Devenir belle-maman à 30 ans : vivre (et survivre) avec les enfants de l’autre

Se retrouver responsable de lenfant de lautre quand on nen a pas soi-même, devenir brutalement une maman à mi-temps, gérer sa grossesse et larrivée de son bébé dans une fratrie déjà constituéeComment fait-on, quand on na pas 40 ans et quon se retrouve propulsée dans les méandres de la famille recomposée ? Merci à nos lectrices pour ces témoignages et ces histoires pleines de tendresse, dhumour et truffés de bons conseils.

 

« Son ex a bien savonné la planche… », Julie, 37 ans
« J’ai 37 ans et je suis avec un homme de 45 ans depuis cinq ans, il a trois enfants dont deux que nous avons en garde alternée. Nous venons d’avoir un garçon qui a 8 mois et demi. L’arrivée de ce bébé a été parfois compliquée mais nous nous y attendions et nous gérons. Forcément l’attitude de l’ex-femme a une influence. De notre côté, elle a bien savonné la planche… Pour gérer cette période compliquée, nous avons pris le parti de ne rien cacher aux enfants. Ils ont 14 et 16 ans. Ils savaient que nous voulions un enfant donc pas de surprise, mais la réalité est difficile à prévoir. Par exemple un bébé a besoin d’un rythme et de calme. Donc ils ont du mal à comprendre pourquoi je ne peux pas aller les chercher au collège ou au lycée quand le bébé dort… Au quotidien j’ai essayé de les responsabiliser avant l’arrivée du bébé. Le papa, quant à lui, a tendance à culpabiliser de donner du temps à un nouvel enfant, du coup il essaie d’en faire un maximum pour les ados. Nous essayons de discuter avec eux quand il y a une tension. Par exemple hier, le sujet de l’héritage est venu dans la conversation. Leur mère a trouvé le moyen de leur faire comprendre qu’ils auraient moins d’héritage, étant donné qu’il y avait un nouvel enfant et une possible future femme… Il a donc fallu aborder le sujet sereinement avec eux. »

 

« S’impliquer à fond et créer un climat de confiance », Marina, 32 ans
« Je suis devenue belle maman à 27 ans d’une petite fille de 4 ans au caractère bien trempé. Elle m’a dit un jour, très énervée que je la punisse, que je n’étais certainement pas sa « belle-mère » mais sa « moche-mère » : l’expression est restée, elle la réutilise parfois et elle nous fait toujours autant rire !
L’année dernière (quatre ans plus tard), je suis devenue maman d’une autre petite fille. Pour décrire mon rapport à ma belle-fille dans les premières années, difficile de parler d’instinct maternel, dans le sens où il n’existe pas le lien charnel d’une maman qui a mis au monde son enfant et/ou qui a veillé sur lui depuis le tout premier jour de sa vie (il nous manque toujours un bout de l’historique). Mais c’est un lien très fort qui peut durer toute une vie. Je me vois un peu comme une « marraine » qui ne vient pas suppléer les parents mais apporte un complément.
Je pense que le plus difficile dans la position de belle-mère est de trouver sa place, il n’y a pas de statut « officiel » pour la belle-mère ou le beau-père, alors que c’est un vrai bouleversement, un vrai choix de vie à peser au début d’une relation. On s’engage vis-à-vis du parent avec lequel nous sommes en couple mais aussi vis-à-vis de l’enfant. On doit être capable de faire preuve d’autorité lorsque cela est nécessaire, ne pas renoncer a ses principes éducatifs et les mettre en oeuvre comme on le ferait avec son propre enfant (même si on n’a pas encore eu d’enfant à soi). Pour gérer cette situation, je pense qu’il faut s’impliquer a fond dès la rencontre avec le ou les enfants, montrer tout l’intérêt qu’on leur porte, partager des activités ensemble sans le papa (la pâtisserie dans notre cas) pour construire notre relation avec eux. Il faut aussi être claire vis-à-vis du papa et de la « vraie » maman sur la façon dont on compte s’occuper de son/ses enfants quand ils sont chez nous, ceci afin de les rassurer sur nos intentions et créer un climat de confiance.
Certaines choses m’ont aidée notamment le fait d’avoir vécu la même histoire dans mon enfance (cohabiter avec un beau-père a partir de 4 ans) et d’avoir grandi en construisant une relation magnifique avec lui, ce dont je lui suis très reconnaissante aujourd’hui. »

 

« Partager son amoureux, son temps et son amour » Valentine, 35 ans
J’ai 35 ans, parisienne, belle-maman depuis près de trois ans d’un garçon de 9 ans et d’une fille de 7 ans en garde alternée, et future maman pour début janvier. Être belle-maman, c’est beaucoup de bonheur, et aussi beaucoup de doutes et de peurs… C’est une vie qui change presque du jour au lendemain (surtout quand on est une citadine célibataire) parce qu’on s’engage avec trois personnes d’un coup. On se retrouve face à des enfants curieux de ce qu’on pourrait leur apporter et qui foncièrement ont envie de nous ouvrir leurs cœurs. Leur vie vient de s’effondrer et ils cherchent leurs nouveaux repères.
Je me suis intéressée à eux, j’ai organisé les week-ends, prévu des activités pour eux. Les newsletters de ma boîte email ont vite changé ! Dîner dans le dernier resto branché remplacé par les activités insolites pour les kids…
Après, arrive pour eux la culpabilité de s’attacher à une autre femme que leur maman, le sentiment de trahison et les coups plus ou moins vaches… Les enfants ont raconté des mensonges à mon propos à leur mère et leur grand-père le jour de Noël. Ça été le scandale! J’étais anéantie, un sentiment d’une telle injustice, car vraiment, je m’investissais avec eux, je les aimais. Ça faisait un peu plus d’an que je les connaissais, quatre mois qu’on habitait ensemble… À ce moment-là, c’était critique parce que même si on s’aimait avec A. , si les enfants me rejetaient et souhaitaient me voir partir, on n’y arriverait pas.
Comment continuer à s’investir après ça ? On a peur de tout ce qu’on fait, on se met la pression pour être parfaite, on veut faire mieux que la maman. Dix mois plus tard, le sujet est venu sur la table, juste moi et les enfants, le plus grand a avoué avoir menti et qu’aujourd’hui il ne voulait surtout pas que je parte, la plus petite ne se souvenait plus.
Ce fut un soulagement, mais le mal était fait d’une certaine façon… C’était ma première bourrasque et parfois je me demande ce que sera la prochaine. Devenir belle-maman si jeune au début de la relation amoureuse c’est aussi partager son amoureux, partager son temps, son amour, et parfois on ressent de la jalousie face à une petite fille de 5 ans ! Aujourd’hui, je n’ai plus ce type de ressenti. Mais, je veille à avoir nos moments à nous. J’ai trois êtres qui m’aiment et qui comptent sur moi, sur qui je peux compter et que j’aime… Et on attend ensemble avec impatience le petit dernier. »

 

« Désormais ils m’appellent Maman », Amélie, 30 ans
« J’ai rencontré David il y a quatre ans. Jeune papa de deux enfants, sa femme est décédée brutalement une semaine après la naissance de leur deuxième fils Arthur. Louis, l’aîné, n’avait que 19 mois… Notre histoire a commencé dans ce tumulte dans lequel évoluait David, tiraillé entre son rôle de père mais aussi le besoin d’être heureux personnellement. En l’espace de quelques mois, je suis passée d’une jeune célibataire de 26 ans, à l’amoureuse d’un papa de deux enfants. Nous avons traversé des étapes difficiles, notamment avec la famille de la maman des enfants… Désormais les garçons m’appellent Maman. Nous parlons sans tabou de leur « histoire » et leurs grands-parents maternels m’ont adoptée. Ils m’aiment comme leur belle-fille et moi comme mes beaux-parents. Mes parents également sont devenus grands-parents plus rapidement qu’ils ne le pensaient… Nous nous sommes mariés il y a cinq mois. Louis et Arthur ont une petite sœur de 20 mois, Léa. Nous sommes en train de constituer notre dossier pour que je puisse adopter les garçons. Nous avons une vie paisible et pleine d’amour. Les enfants ont trois paires de grands-parents (vacances et cadeaux multipliés par trois, le rêve !). La littérature et les témoignages sur ce type « particulier » de famille recomposée m’ont manqué, alors je me suis dit que votre appel à témoignage était une occasion… »

* Les prénoms ont été changés dans l’ensemble de l’article pour respecter l’anonymat de nos lectrices. Si vous souhaitez apporter votre témoignage sur un sujet lié à la grossesse ou à la maternité, ou que vous souhaitez voir un sujet abordé sur Les Louves, envoyez-nous un mail à contact@leslouves.com.

M. D.

 

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