Loup et monstres : comment réagir face aux peurs de nos enfants ?

Sorcières, monstres poilus, loup féroce, peur du noir… Dès l’âge de 24 mois, certaines craintes commencent à naître dans l’esprit de nos enfants. Sans être inquiétantes, ces angoisses ne sont pourtant pas à prendre à la légère. Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne spécialisée dans l’enfance nous donne quelques clefs pour les aider à affronter et à dissiper leurs peurs enfantines.

À quel moment survient la peur du loup, des monstres et du noir ?  Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est la peur du noir qui survient en premier autour des 2 ans de l’enfant. Cela arrive généralement quand il passe d’un lit à barreaux à un lit classique. À ce moment-là, il n’a plus de repères, c’est ce qui l’inquiète. Il prend aussi conscience qu’il y a le jour et la nuit.

Cette peur anticipe souvent celles du loup, des cambrioleurs, des monstres et de tous les personnages menaçants, vers 3 ans et demi. Ces dernières sont des peurs oedipiennes. En effet, les enfants ressentent alors des émotions complexes vis-à-vis de leurs parents. Et cela exprime leur angoisse de séparation.

Ces peurs sont-elles normales ?

Ces peurs sont tout à fait normales. Si elles se maintiennent après 7 ans, on peut commencer à s’inquiéter. À cet âge, l’enfant maîtrise davantage son imaginaire et développe sa capacité à être seul. Si cela persiste, on parle alors de troubles anxieux. Dans ce cas, il faut trouver quelle en est la cause et si besoin se faire aider d’un professionnel.

Que leur répondre quand ils évoquent un personnage imaginaire effrayant ?

Dans ce cas-là, il ne faut pas avoir une logique de rationalisation en leur disant que les monstres n’existent pas. C’est inutile car l’imaginaire des enfants leur fait croire que tout est possible.

À l’inverse, si les parents entrent dans leur système et font preuve de trop d’empathie, ils sentent qu’ils ont un pouvoir extraordinaire. Ils savent alors très bien que leur père ou leur mère va passer la soirée avec eux.

Il faut plutôt faire preuve de recul et les rassurer avec des phrases comme : « On est là pour te protéger », « Moi je sais qu’il n’y a pas de danger ».

Que peut-on mettre en place pour calmer leurs angoisses et pour qu’ils surmontent eux-mêmes leurs peurs ?

Placer une source lumineuse dans la chambre peut permettre de les rassurer. On peut aussi leur donner un doudou, qui leur tient compagnie et les empêche de se sentir seuls. Les enfants en bas âge aiment bien aussi les rituels, cela les prépare à la séparation. Ils doivent durer 15 à 20 minutes et créer une atmosphère sereine avant d’aller au lit.

Faut-il continuer à leur lire des contes avec des loups et des sorcières ?

Bien sûr. Les histoires lues le soir sont très réconfortantes. La lecture crée un lien très intime avec l’adulte sans être excitant. C’est un échange très intéressant.

Les livres de contes aident les enfants à apprivoiser leurs peurs. Ils adorent qu’on leur raconte dix fois la même histoire horrible. Contrairement aux dessins animés visionnés sans adulte et qui laissent les enfants seuls face à leurs émotions, les livres ne sont pas générateurs d’angoisse, car la peur est maîtrisée. Les enfants peuvent ainsi exprimer à l’adulte qui raconte ce qu’ils ressentent.

Lectures recommandées

Comment ratatiner les monstres en 3D, P’tit Glénat. (dès 3/4 ans)

Moi, j’ai peur du loup, éditions Mémo. (dès 2 ans)

La nuit et le petit garçon, Gallimard Jeunesse. (dès 3 ans) 

Pour aller plus loin :
Enfant anxieux, enfant peureux – les angoisses et les peurs de la petite enfance à l’adolescence, Béatrice Copper-Royer, Le Livre de Poche.

La nuit le noir, Docteur Catherine Dolto, Galllimard jeunesse Giboulées.

 

Crédit photo : Belly Balloon Photography / Les Louves