Diabète gestationnel : comment revoir son alimentation sans frustration ?

Après une première mesure de la glycémie lors du premier trimestre de la grossesse par prise de sang, le dépistage du diabète gestationnel est désormais recommandé entre 24 et 28 semaines d’aménorrhée (entre le 5e et le 6e mois) dès lors qu’une femme enceinte présente au moins un facteur de risque. Si le résultat est positif, la future maman devra contrôler son alimentation et renoncer à de nombreux aliments… Pour s’adapter en douceur à ce nouveau régime alimentaire et ne pas oublier la notion de plaisir, si précieuse pendant la grossesse, nous avons demandé ses astuces et conseils à Lucie Charpin, diététicienne spécialiste de la périnatalité.

Quel doit être le premier réflexe lorsque l’on découvre que l’on est atteinte de diabète gestationnel ?

Avant toute chose : ne pas paniquer, et faire un bilan avec un professionnel de l’alimentation, tel qu’un diététicien ou un médecin-nutritionniste. Il vous aidera à mettre en place un rééquilibrage alimentaire et à acquérir les notions fondamentales : quels aliments privilégier, quels sont ceux à limiter, quand manger ou ne pas manger tel ou tel aliment… Objectif : garder une certaine maîtrise de son alimentation et ne pas passer plusieurs mois dans l’angoisse ou la frustration d’un « régime diabète gestationnel ».

Justement, comment revoir son alimentation sans frustration ?

Certains professionnels de santé vous proposeront une prise en charge générique, avec un régime susceptible de convenir, d’un point de vue régulation de la glycémie, à tous les patients atteints de ce trouble métabolique. Personnellement, je préfère prendre le temps d‘écouter mes patientes afin de leur proposer des objectifs alimentaires qui correspondent au mieux à leurs besoins et à leurs envies. Avec pour objectif d’éviter ou de limiter au maximum les frustrations.

Concrètement, quels sont les grands principes à suivre ? Quels aliments privilégier et quels sont ceux qu’il faut éviter ?

La première recommandation d’ordre général est d’avoir une alimentation aussi variée que possible : il faut manger des féculents, des légumes, des fruits (en fin de repas), des produits laitiers, de la viande, du poisson, des œufs, des matières grasses d’origine végétale.
En revanche, il est important de limiter au maximum, voire d’éliminer totalement les grignotages entre les repas, surtout si l’aliment consommé contient des glucides : évitez donc les fruits, le miel et tous les produits sucrés, et faites attention aux sucres cachés. Ils sont présents dans 80% des produits industriels et se retrouvent, sur la liste des ingrédients, sous diverses dénominations : dextrose, glucose, lactose, maltose, maltodextrine ou encore sirop de glucose. J’insiste sur le fait qu’il est important de consommer des fruits mais uniquement en fin de repas et non en prise isolée.

Peut-on prendre un encas à 11 heures ou un goûter à 16 heures lorsque l’on est atteinte de diabète gestationnel ? Si oui, de quoi doit-il être idéalement composé ?

Il est tout à fait possible de fractionner son alimentation avec une collation en matinée et un goûter l’après-midi, ou seulement un goûter à 16 heures. Certaines femmes enceintes ont des difficultés à s’alimenter à cause des nausées ou parce que leur bébé appuie sur l’estomac. Le fractionnement de l’alimentation est alors recommandé afin de couvrir leurs besoins nutritionnels. Si les aliments sont judicieusement choisis, il ne s’agit pas de grignotage mais bien d’une collation. Je recommande la consommation d’un laitage nature et de fruits oléagineux(ex : yaourt nature et poignée d’amandes ; fromage blanc et mélange noix-noisettes…) avec une tisane sans sucre. Il est en revanche déconseillé de consommer des produits sucrés type gâteaux, biscuits, barres de chocolats, bonbons, ou encore une fois, un fruit frais seul.

Comment réagir après un excès ? Faire du sport, sauter un repas ?

Le sport est un très bon réflexe en effet. Je parlerais ceci dit plutôt d’activité physique en tout genre, d’intensité faible à modérée, adaptée à la situation de chacune. S’il n’y a pas de contre-indication médicale relative à la pratique d’activité physique bien entendu. Le fait de dépenser de l’énergie en marchant ou en pratiquant la natation, par exemple, aide à réguler la glycémie. En revanche, il n’est pas du tout recommandé de jeûner après un excès, au risque d’entraîner une hypoglycémie.

Avez-vous un livre ou un site de recettes à nous conseiller pour trouver l’inspiration ?

Question difficile : il y a beaucoup de livres, de sites ou de comptes Facebook et Instagram intéressants. J’ai découvert il y a quelques mois l’application JOW  qui propose des recettes et intègre la liste des aliments directement dans le panier du drive. Les quantités sont calculées automatiquement selon la composition de la famille. Je trouve cette application intéressante pour anticiper les menus, trouver des idées et faire les courses en même temps. Pratique pour les parents ou futurs parents qui courent après le temps…

Quel(s) conseil(s) donnez-vous le plus souvent aux femmes atteintes de diabète gestationnel qui vous consultent ?

En plus de conseils personnalisés liés à leurs habitudes, leurs besoins et leurs envies, je leur recommande systématiquement trois choses : pratiquer régulièrement une activité physique d’intensité faible à modérée (en dehors de contre-indication médicales) ; prendre quatre repas par jour selon une recommandation type ; contrôler leur glycémie ni trop ni trop peu.

Y a-t-il une idée reçue sur le diabète gestationnel que vous souhaitez démentir ?

Beaucoup pensent que l’on ne peut plus rien manger lorsque l’on présente un diabète gestationnel. C’est une idée reçue. Encore une fois, un bilan nutritionnel permet de faire le point et de rassurer les futures mamans.

Merci à Lucie Charpin pour ses précieux conseils.

Pour en savoir plus ou consulter : www.nutritionallaitement.com
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Crédit Photo: Juan Encalada/Unsplash