35 ans, vite un enfant ?

Le 17 mars dernier, le Professeur René Frydman –papa du premier bébé éprouvette- lançait un appel pour assouplir les lois sur la PMA (Procréation Médicalement Assistée), proposant entre autres de mieux informer les femmes sur le rôle de l’âge dans la baisse la fertilité. Carla, Claudia, Estelle, Monica… Nous aurait-on menti en nous faisant croire que faire un bébé après 35 ans était désormais un jeu d’enfant ? Si notre vie promet d’être longue, il semble que celle de nos ovocytes ne suive pas la même courbe.

 

À 20 ans, on se préoccupe peu de savoir quand et comment on pourra un jour avoir un enfant, cherchant plutôt à ne pas en avoir, trompant la nature à coups de pilule, préservatifs ou implants, pour mieux profiter de nos belles années, étudier et se construire. Pendant ce temps là et les années passant, notre corps, en totale contradiction avec notre mode de vie, est en pleine effervescence féconde, produisant son lot d’ovocytes gagnants, les éliminant au fur et à mesure. Un diplôme, voire deux, une embauche et une jolie carrière qui se dessine…

Et nous voilà arrivée au seuil des 35 ans, confiante et sereine, prête enfin à fonder une famille… Pour certaines le diagnostic tombe, trop tard : la réserve ovocytaire est quasiment épuisée, le chemin risque d’être long et compliqué, et devra se solder par des démarches lourdes comme le don d’ovocytes ou l’adoption. Malheureusement, en France, la pénurie de donneuses fait renoncer les plus courageuses (plus de 1500 demandeuses par an pour quelques centaines de donneuses), tandis que les plus « chanceuses » se payent un voyage en Espagne ou dans les pays de l’Est pour profiter des ovocytes d’une jeune femme de 25 ans qui les vend pour payer ses études.

Quand on sait qu’il aurait suffi d’une ponction ovocytaire à 25 ans pour préserver notre fertilité, on se demande pourquoi toutes les femmes ne pourraient pas en profiter. Congeler ses gamètes « pour convenance personnelle » peut sembler incongru, voire contre-nature pour certains. Pas plus que la FIV ou l’insémination artificielle, pourrait-on leur répondre : autant de réponses apportées aux imperfections de la nature et à l’évolution de nos vies. Et s’il ne fallait qu’un seul argument pour se convaincre, résumons la question à l’égalité entre les hommes et les femmes, parce que oui, les hommes disposent de ce droit à la congélation de leur sperme « pour convenance personnelle ». Une inégalité bien plus facile à rectifier que le plafond de verre…

Lire le manifeste de 130 médecins pour l’assouplissement de la PMA

M. D.

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