Alimentation et hormones : et si notre humeur dépendait de notre assiette ?

Comment gérer l’influence de nos hormones sur notre vitalité, notre bien-être et notre humeur pendant, avant et après les règles ou la grossesse ? Véronique Liesse est diététicienne, nutritionniste et micronutritionniste. Elle est co-auteur de « Hormones, arrêtez de vous gâcher la vie » avec le Dr Vincent Renaud. Un ouvrage pratique qui nous aide, grâce à l’alimentation et à la phytothérapie, à équilibrer nos apports en nutriments pour mieux gérer l’impact des fluctuations hormonales propres aux femmes.

Comment les hormones dites « féminines » influencent notre état psychique au moment des règles ?

Nos taux de progestérone et d’œstrogène notamment connaissent des variations importantes au cours de notre cycle menstruel. Juste avant les règles, on observe chez certaines femmes un excès d’œstrogènes par rapport au taux de progestérone. On parle d’hyperœstrogénie relative (au taux progestérone). Elle est suivie par une chute des œstrogènes tandis que le taux de progestérone n’a pas remonté. Pendant deux-trois jours, on a alors un petit aperçu de ce à quoi peut ressembler la période précédant la ménopause…

On observe aussi, au moment des règles, une chute de sérotonine, dont on ne comprend pas très bien l’origine… Cette sérotonine est pourtant essentielle à notre bien-être : elle nous apaise, nous prépare au sommeil et joue sur notre humeur. C’est elle qui nous apporte la sensation d’être heureux, nous rend souriant. Si l’on en manque, on a tendance à pleurer, à être très émotif.
Le GABA (principal neurotransmetteur inhibiteur de notre cerveau, ndlr) dysfonctionne également pendant la période des règles : or cet acide-aminé activé par la progestérone est déterminant pour réguler l’anxiété.

L’alimentation peut-elle nous aider à apaiser les désagréments liés aux cycles hormonaux ?

L’alimentation permet de favoriser un terrain propice au bon fonctionnement général des hormones. La phytothérapie, en revanche, aidera à compenser un déficit ou un excès naturel de l’une ou l’autre des hormones. L’extrait de gattilier (arbuste également connu sous le nom d’« arbre au poivre »), par exemple, permet de booster la progestérone. L’huile d’onagre permet de compenser le caractère inflammatoire des prostaglandines qui peuvent expliquer des douleurs et gonflements du bas ventre pendant les règles.

Le magnésium est lui aussi anti-inflammatoire et jouera favorablement sur les stress, tout comme les oméga-3. La queue de cerise permet de lutter contre la rétention d’eau.

Pour booster la sérotonine, on s’appuie sur d’autres plantes, telles que le griffonia et le safran. L’alimentation peut apporter une partie de ces éléments mais les compléments alimentaires (de bonne qualité et bien choisis !) sont souvent nécessaires. Un professionnel formé sur la question (gynécologue, naturopathe ou un médecin nutritionniste) sera le mieux à même de proposer les bons traitements.

Peut-on lutter contre les désagréments liés aux fluctuations hormonales pendant et après la grossesse ?

Durant la grossesse, les hormones jouent un rôle majeur. L’hormone de grossesse, le HCG est détectable dès le premier jour de retard des règles et elle redescend vers 10 à 12 semaines de grossesse. Cette hormone est très associée aux nausées. On peut jouer sur les symptômes mais on ne fera rien pour la baisser. Contre les nausées, on privilégie le gingembre et on mange avant de se lever le matin.

Pour préparer l’accueil du fœtus, le taux d’œstrogène augmente également durant la grossesse. Même si cette hormone est responsable de rétention d’eau ou d’une sensibilité exacerbée aux odeurs, on ne va surtout pas chercher à la faire baisser. L’augmentation du taux de progestérone, qui permet le maintien de l’utérus, nous fatigue aussi beaucoup, notamment au début. Mais là encore, on ne fera rien pour moduler ce taux.

Ce qui est possible en revanche chez les femmes enceintes, c’est d’anticiper le baby blues. S’il a des causes multiplies, il est souvent lié à une chute de sérotonine et de dopamine. On peut en partie le prévenir en veillant à avoir des apports suffisants en oméga-3, en vitamines D et en fer pendant et après la grossesse. Vitamines B, magnésium, zinc et sélénium sont aussi importants. On les trouve en quantité intéressante dans les légumes verts, les oléagineux, les céréales complètes et les produits laitiers notamment. D’une manière générale d’ailleurs, c’est prouvé : manger des légumes, des légumineuses et des oléagineux rend plus heureux !

Les hommes et les enfants connaissent-ils des fluctuations hormonales eux aussi ?

Les hommes ne connaissent pas de variations hormonales (sexuelles) comme les femmes : ils n’ont pas de cycle, pas de syndrome prémenstruel, pas de ménopause… Mais ils connaissent une baisse progressive des hormones. Ils peuvent en revanche souffrir d’une hypothyroïdie (même si c’est moins fréquent que chez les femmes) et des dépressions.

Les enfants ont une faible « emprunte » d’hormones sexuelles jusqu’à la puberté, moment où il y a, bien sûr, une poussée hormonale importante (les hormones sexuelles), responsable des modifications physiques. Certains enfants peuvent bien sûr (mais c’est moins fréquent pour certaines hormones) présenterdes troubles de la thyroïde, ou connaître une dépression liée à une chute de sérotonine. Dans tous les cas, une alimentation riche en produits de qualité et peu transformés, et pauvre en calories vides et industrielles est vivement recommandée. Les bons nutriments sont essentiels pour fabriquer les hormones du bonheur et du plaisir : la sérotonine et la dopamine.

*« Hormones, arrêtez de vous gâcher la vie » , de Véronique Liesse et le Dr Vincent Renaud, aux éditions Leduc.s Pratique.

Crédit photo : Alex Loup/Unsplash