Épuisement, stress, colère : reconnaître le burn out maternel et s’en sortir

Être à bout, se réveiller fatiguée, être stressée au quotidien, ne plus prendre de plaisir dans les moments partagés en famille, ne plus supporter ses enfants : le burn out maternel c’est ce moment où l’on craque, écrasée par le poids de son quotidien et de son rôle de mère. Comment reconnaître les signes avant-coureurs ? Comment sortir la tête de l’eau ? Quels mécanismes mettre en place pour éviter l’épuisement maternel ? On a posé nos questions à Aurélie Laumont, thérapeute familiale et coach parentale.

C’est quoi un burn out maternel ? Est-ce que le burn out paternel existe aussi ?

Le burn out parental, c’est un épuisement du parent, le père ou la mère, causé par trop de stress parental subi pendant trop longtemps, et sans suffisamment de ressources pour le compenser. Les femmes sont majoritairement touchées par le burn out parental : elles sont en moyenne encore plus présentes et plus investies dans le foyer que les hommes.

Comment savoir si on est juste fatiguée ou si l’on présente des signes de burn out ?

La meilleure façon est de poser un diagnostic avec un professionnel formé. Mais dans un premier temps, j’aime bien recommander l’application Dr Mood (lien vers l’appli), qui permet, en répondant à des dizaines de questions sur son état émotionnel, de prendre conscience de sa situation, de faire le point, et de découvrir quels sont nos axes forts sur lesquels on pourrait s’appuyer dans un premier temps, et nos axes fragiles à travailler.

Généralement, quelles sont les causes d’un burn out maternel ? Est-ce que c’est juste lié au fait d’être maman, ou est-ce que c’est un cumul des charges (vie de mère, vie pro, vie de couple, etc.) ?

Les causes de ce stress sont multiples : le travail, l’insécurité financière, la maladie, le chômage, être parent solo, avoir des enfants en bas âge, la vie de couple, etc. Par contre, il y a toujours des circonstances particulières lorsque le burn out arrive, la goutte d’eau de trop. Et c’est alors le manque de ressources dans lesquelles puiser qui fait basculer le parent.

Si chaque cas est différent, on retrouve néanmoins un processus commun du burn out parental : tout part d’une bonne intention, celle de vouloir bien faire. Le rôle parental est pris très au sérieux, comme une mission, et le parent va beaucoup s’engager et s’investir dans son rôle. Son perfectionnisme va le pousser à prendre en charge de plus en plus de tâches, « pour que ce soit bien fait », à prendre le contrôle, tout en oubliant peu à peu ses propres besoins. Le parent se met doucement et souvent inconsciemment en arrière-plan, il se coupe peu à peu de lui-même, et la fatigue commence à s’installer…

Quels sont les symptômes ? Comment capter les signaux d’un début de burn out maternel ?

Les signes caractéristiques d’un burn out maternel sont :
une grande fatigue, physique, émotionnelle, nerveuse mais aussi psychologique. On se lève le matin en étant déjà fatiguée.
une distanciation émotionnelle avec nos enfants. On est en pilote automatique, pas vraiment là, on s’occupe d’eux de façon machinale. On est plutôt dans le FAIRE que dans l’ÊTRE, la relation n’est plus investie. Bien souvent c’est très difficile et culpabilisant pour les mères de se voir ainsi, car elles ne se reconnaissent plus. C’est un mécanisme de défense qui permet de tenir à distance ce qui est douloureux, alors on se coupe pour survivre.
la perte de plaisir et d’épanouissement parental, on sature de tout, c’est TROP.

On a souvent peur de ne pas être légitime, on culpabilise à l’idée de se plaindre : qui aller voir pour se faire aider ? 

On entend trop souvent que c’est « normal » d’être fatiguée lorsqu’on devient maman, que ça va passer (sous-entendu « tout seul »). Sans compter qu’on a tendance à se comparer aux autres mères, qui s’en sortent bien, parfois même avec plus d’enfants que nous, ce qui nous fait davantage culpabiliser, on se sent être une mauvaise mère, on se demande si on est faite pour ça… Beaucoup de femmes ont un sentiment de honte de ne pas y arriver, de ne pas se sentir à la hauteur, et n’osent pas se plaindre.
Et pourtant, des études ont été menées sur la quantité d’hormones de stress chez les parents en burn out, et elles ont montré deux fois plus de cortisol que chez des victimes de violences conjugales ! Cela doit nous amener à ne surtout pas sous-estimer l’impact d’un burn out…
Mais quand la fatigue s’installe et qu’elle devient « normale », il faut faire très attention.

Une maman fatiguée est une maman en souffrance, elle a besoin d’aide, de soutien, de relais et d’écoute. Elle a donc le droit de se plaindre, parce que oui c’est trop, oui c’est dur.
Alors si on se sent dépassée, on ne doit pas rester seule, il faut en parler, avec un thérapeute, un médecin ou un coach formé : il existe des solutions pour en sortir.

Quand savoir si on doit consulter ? On a trop souvent tendance à attendre d’avoir touché le fond pour demander de l’aide non ?

Si vous vous posez la question c’est que vous avez déjà pris conscience que ça n’allait pas. N’attendez plus, allez-y ! Le temps vous est compté. Plus on attend, plus on prend des risques : d’abord pour soi, en mettant sa santé en danger (on compense bien souvent avec la nourriture, ou d’autres addictions, le corps parle à notre place aussi avec divers maux bien souvent chroniques, comme des maux de ventre, de dos…). Notre couple peut aussi en faire les frais, les conflits s’installent, les violences parfois, la relation s’effrite… Et enfin, les enfants sont eux aussi en première ligne, des violences parfois verbales, physiques ou psychologiques, des négligences.

Comment en parler avec son conjoint ? Faut-il évoquer la question avec ses enfants ? Comment trouver les mots ?

Oui bien sûr il faut en parler, d’autant plus que parfois notre entourage perçoit plus facilement qu’il y a un problème, et c’est un soutien essentiel.
On peut l’évoquer avec les enfants succinctement, juste pour donner du sens à ce qui se passe et en précisant que vous en avez pris conscience et que vous vous en occupez, afin de les rassurer. Vous pouvez leur dire que leur maman est fatiguée et qu’elle se soigne, et que ce n’est en aucun cas de leur faute.

Comment se relever d’un burn out maternel ? Quelles sont les grandes étapes ?

– Reprendre contact avec soi-même, avec ses sensations corporelles (en s’offrant des bains, massages, du yoga), ses besoins, ses émotions. Il faut réapprendre à s’écouter.
– Retrouver de l’énergie et sortir de cette fatigue pour pouvoir faire un travail plus profond et revoir ses fondations, afin de trouver un réel équilibre de vie dans lequel vous et votre famille avez de l’importance.
Toutes celles qui sont passées par là peuvent témoigner qu’il y a un avant et un après burn out, que leur burn out a été l’occasion de mettre tout à plat, et de faire enfin leurs vrais choix de vie, en étant plus alignées avec leurs besoins, et non en fonction de ce qu’on attendait d’elles.

Si tu avais 3 conseils pour les mères qui ont l’impression d’être sur le fil ?

Choisir ses batailles : qu’est ce qui est important pour vous aujourd’hui ?
– Se mettre en haut de sa to-do-list : je prends d’abord soin de moi, ensuite je m’occuperai des autres. Je suis la personne la plus importante de ma vie, ce temps dédié pour moi est précieux, ce n’est pas une perte de temps, je décide de prendre ce temps pour me remplir et me faire du bien.
– Mettre en place des outils de régulation du stress au quotidien !
– Ne pas rester seule, se faire aider par un professionnel (coach ou thérapeute formé) pour comprendre ce qui se passe, comment vous en êtes arrivée là, comment en sortir au plus vite, car le danger c’est de se retrouver clouée au lit du jour au lendemain pour plusieurs mois.

Aurélie Laumont est thérapeute familiale et coach parentale, spécialisée en prévention et soutien au burn-out parental.

 

Credit photo : Abigail x Unsplash