Post-partum : comment se préparer pour bien vivre les 40 premiers jours ?

Que se passe-t-il après la naissance de son bébé ? Peut-on réellement devenir mère du jour au lendemain ? À quoi ressemblent vraiment ces premiers mois de maternité, pour soi et son bébé ? Pour vous aider à préparer votre post-partum et mieux vivre vos premiers moments avec votre nouveau-né, Les Louves et Stokke organisent un nouveau Small Talk à Lyon sur ce 4e trimestre de la maternité. À cette occasion nous avons discuté à Lucie Morlot, doula, des 40 jours qui suivent la naissance du bébé, et de ce que chaque future mère (et co-parent) peut préparer pour vivre au mieux ce grand chamboulement.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Lucie Morlot, j’ai 36 ans et je suis maman. Professionnellement, j’ai créé Le Nid à Lyon pour accompagner les futurs et nouveaux parents vers une vie de famille plus douce et sereine, dès le désir d’enfant, et tout au long de leur parentalité. Concrètement, je propose des rencontres individuelles à domicile, en tant que doula et praticienne bien-être, et aussi des moments collectifs entre parents et futurs parents afin de faciliter la construction d’îlots de solidarité locale entre parents, comme une sorte de village bienveillant autour des familles.
Je suis arrivée là après un parcours dans l’éducation spécialisée et la protection de l’enfance. C’est une autre façon pour moi d’apporter douceur et bien-être dans les familles.

Quel est votre rôle auprès des femmes en tant que doula? Quel accompagnement proposez-vous ?

En tant que doula, je propose une présence chaleureuse et rassurante, du soutien, de l’écoute et des informations éclairées si besoin, à propos de la grossesse, de la naissance, de l’accueil du bébé et du post-partum. Je propose également des services autour du bien-être car je pense que prendre soin de soi et se laisser chouchouter favorise vraiment le mieux-vivre de cette période…

Que se passe-t-il donc dans cette période du post-partum, dans le corps et la tête de la jeune maman ?

Le post-partum est une période tellement intense ! On ne peut pas comprendre ce dont il s’agit avant de passer par là. La fatigue immense, les douleurs, les saignements, ce petit être complètement dépendant dont il faut répondre aux besoins parfois intenses 24h/24, qu’il faut apprendre à comprendre… L’allaitement à gérer avec parfois la culpabilité de ne pas y arriver ou les biberons à gérer (avec parfois la culpabilité de ne pas allaiter), l’entourage qui vient admirer votre petite merveille, sans se soucier de ce que vous vivez (puisque vous avez votre bébé, vous êtes forcément heureuse !), et en vous ajoutant parfois encore un peu de culpabilité (il tète encore ? il est encore dans tes bras ?) et de travail (et hop, un repas pour deux personnes à préparer et nettoyer, la maison à rendre propre…).

Que faut-il pour l’aider à se remettre de la grossesse et de l’accouchement ? Le post-partum est-il aussi difficile à traverser qu’on peut l’entendre ?

Pour passer un post-partum plus serein, le mieux est de le PRÉPARER. Une jeune mère que j’ai accompagnée récemment me disait que finalement, ça se passait très bien pour elle ! Elle avait beaucoup lu et s’était beaucoup préparée pour cette période, et c’est ce qui a fait que le passage de ces premiers mois a été aussi serein pour elle.

Mes conseils pour se préparer au mieux :
– s’entourer de positif et de personnes prêtes à vous soutenir : conjoint, amie, mère, doula…
préparer son environnement pour que la maman n’ait rien d’autre à faire que de s’occuper de son bébé et d’elle-même : préparer des repas ou petites choses énergétiques à grignoter à l’avance, ou prévoir que les personnes passent avec de quoi manger.
se reposer le plus possible ! Le corps de la jeune mère a passé 9 mois à fabriquer un bébé, à le porter, et il s’est étiré comme on ne peut pas imaginer pour se faire passage, pour faire naître un bébé en pleine santé. Il va lui falloir un peu de temps au corps pour se remettre de cette épreuve ! Je parle donc de dormir, mais aussi de rester allongée ou d’en faire le moins possible. Et de rester tout contre son bébé le plus possible dans les premiers jours / semaines, afin de développer toutes les hormones qui vont encore plus faciliter cette période.
Si l’on ne prépare pas son post-partum, l’autre possibilité c’est de S’ÉCOUTER, et de fermer la porte à toutes les personnes qui vont se permettre des jugements, critiques, ou qui viennent chez vous et demandent à se faire servir (« comme avant »).

On parle souvent d’une période de 40 jours pour la jeune accouchée, à quoi correspond-elle ?

On retrouve dans de nombreuses cultures cette période de 40 jours où l’on prend grand soin de la jeune mère. C’est aussi de cette période dont le corps a besoin pour cicatriser et se remettre physiquement, pour naître ou renaître en tant que mère, pour intégrer cette nouvelle vie. En swahili par exemple, il y a un mot pour caractériser cette période des 40 jours : c’est « mamatoto », un seul mot pour parler de l’entité maman + bébé, de façon inséparable.

La douleur peut faire partie du post-partum (tranchées, cicatrisation d’une césarienne ou épisiotomie, seins douloureux, maux de dos) : comment conjuguer avec elle alors qu’on est très souvent épuisée et ultra sollicitée par un nouveau-né ?

Les douleurs sont incontournables lors de cette période : c’est le corps qui se remet de cette épreuve très intense de la naissance. Comprendre le sens de ses douleurs et ne pas les subir, c’est déjà faciliter la guérison.
Pour aider les jeunes mères, je les écoute et je m’adapte à leurs besoins. Je leur donne également quelques conseils si c’est leur demande : je leur rappelle comment le repos et la proximité de leur bébé est déjà une première étape pour se sentir mieux dans les premiers jours. Cela aide le corps à se remettre, l’organisme à reprendre de l’énergie, le périnée à guérir. Un autre conseil est de bien s’hydrater, et encore plus lorsqu’elles allaitent, et de bien s’alimenter. Se faire masser (par sa ou son partenaire, sa doula…) est également un moyen de détendre le corps et les courbatures et de prendre quelques minutes de détente : s’occuper de soi pour mieux s’occuper de son bébé ensuite. J’aime dire que « quand la maman va bien, tout le monde va bien ». Se faire resserrer le bassin, avec un rebozo par exemple, est également un bon moyen de réduire certaines douleurs.

Concernant la césarienne, il y a parfois, en plus de la douleur physique et des désagréments liés à cette opération, un véritable deuil à faire : dans ce cas, l’écoute est très puissante. La nouvelle mère a besoin de raconter et de pleurer cette naissance « par le ventre ». Demander son dossier médical peut aider à comprendre ce qu’il s’est passé, pour apaiser son vécu.
Physiquement, c’est important de s’écouter et d’y aller à son rythme, de ne pas porter plus lourd que son bébé, et de masser sa cicatrice, en plus des autres conseils qui s’appliquent également.

Côté moral : comment se sentent les femmes que tu accompagnes dans cette période de post-partum ?

C’est difficile de faire une généralité : les hormones sont encore très présentes dans cette période, et elles jouent au yo-yo : il y a des périodes de bonheur intense, et puis de tristesse voire détresse, des moments joyeux et des moments où on se sent isolée du monde… Les femmes qui ne sont pas entourées, ou qui ont la même « charge » qu’avant l’arrivée de leur bébé se sentent vite dépassées, fatiguées. Je leur rappelle alors qu’elles ont mis 9 mois à créer, porter, faire grandir et faire naître un petit être, et qu’elles sont encore en train de le faire grandir, le porter, le nourrir, et répondre à tous ses besoins, et que c’est une période intense : il faut vraiment ralentir le rythme ! Et si on n’y arrive pas, alors il faut demander de l’aide !

Est-ce normal de ne pas tout de suite se sentir à l’aise dans son rôle de mère ?

Oui bien sûr ! C’est normal, et c’est fréquent : cela toucherait environ 1 femme sur 10. Malheureusement c’est encore tabou et les nouvelles mères dans ce cas se retrouvent bien seules et ne savent pas à qui en parler. C’est donc la double peine : on se sent anormale, et on est jugée par ses proches, et par la société toute entière… Il existe des associations (Maman Blues par exemple) qui proposent notamment des groupes de parole et de soutien sans jugement.

Selon toi, quel est le rôle du partenaire dans cette période ?

Le rôle du partenaire peut vraiment changer le vécu de cette période. Son rôle : soutenir, être à l’écoute, observer pour pouvoir anticiper les besoins de la mère et du bébé, prendre le relais. Il ou elle va apprendre à connaître et comprendre son enfant, et tous ensemble, ils vont trouver un nouvel équilibre de vie. Cela fait beaucoup pour une seule personne ; l’entourage peut aider aussi, pour le bien-être de cette nouvelle famille en construction : préparer des petits plats, s’occuper des aînés, offrir quelques heures de ménage…

Quels conseils donnes-tu le plus souvent aux mamans dans cette période ?

Reposez-vous, et trouvez une personne pour vous soutenir, émotionnellement et physiquement !

Lucie Morlot est doula et accompagnante périnatale. Vous pouvez la retrouver sur son site www.lenid-seleverensemble.fr et son compte instagram @lenidparentalite.

Réalisation : Stokke x Les Louves
Crédit photo : BellyBalloonPhotography