Ukraine : comment parler de la guerre aux enfants ?

Faut-il parler de la situation en Ukraine aux enfants ? Comment leur expliquer ? À partir de quel âge peut-on aborder le sujet et sur quels outils s’appuyer ? Depuis le 24 février, on se pose mille questions sur la meilleure façon d’échanger sur la guerre en Ukraine avec les plus jeunes. Pour vous aider à y répondre, on a organisé un live sur le sujet avec la coach en parentalité Maelys Le Levreur. Voici ce qu’on en a retenu.

La tentation de laisser nos enfants dans leur « innocence » est grande, admet Maelys Le Levreur, surtout s’ils n’évoquent pas spontanément le sujet. Pourtant, il faut leur parler de la guerre en Ukraine et ce pour plusieurs raisons.

« Il entend France Inter qui tourne »

D’abord, parce qu’ils savent déjà que quelque chose de grave se passe. « Nous vivons dans une société où l’information vient de partout et nos enfants sont très attentifs à tout ça. Même si vous avez l’impression que votre enfant est concentré sur son épisode de “Sam le pompier”, il entend France Inter qui tourne, il entend papa qui téléphone, il a peut-être capté une image sur une chaîne d’information ou entendu une phrase dans la cour de l’école », explique Maelys Le Levreur.

« Et il y a surtout une chose qu’ils ne loupent pas : c’est votre visage, vos sourcils froncés quand vous regardez votre téléphone alors que d’habitude non. »

Surtout, « parler, c’est dépasser l’émotion de tristesse ou de peur » et vos explications, même si elles vous semblent défaillantes, sont forcément plus adaptées à son cerveau d’enfant que les informations tronquées, déformées ou trop complexes, qu’il capte à l’envolée dans la cour ou à la télé et qui risquent d’emmener son imaginaire galopant vers des choses qui ne sont pas vraies. Vous êtes son référent, vous le connaissez. Vous savez mieux que quiconque comment communiquer avec lui.

« Il n’y a pas les méchants Russes et les gentils Ukrainiens »

Jusqu’à 4-5 ans, les enfants sont très égocentrés, rappelle Maelys Le Levreur. S’ils nous voient contrariés, ils vont penser qu’ils ont fait une bêtise. Le mieux est de leur dire : « En ce moment, il se passe des choses qui me rendent triste (ou qui me mettent en colère) mais ce n’est pas de ta faute à toi ».

À partir de 6-7 ans, les enfants sont suffisamment grands pour recevoir des explications plus concrètes. Faites-le, même s’ils ne posent pas de questions. Ils ont certainement entendu des mots qu’ils ne comprennent pas et qui les inquiètent : « Poutine », « Otan », « couloir humanitaire »…

Vos mots doivent être simples, concrets et adaptés à l’âge de l’enfant. Par exemple, s’il ne connaît pas le mot « guerre », il connaît le mot « dispute ». On peut dire : « Il y a une dispute entre deux pays ». Expliquer de quel pays on parle, montrer où il se trouve en sortant une carte ou une mappemonde. « Si besoin, rétablissez la vérité et nuancez les caricatures : il n’y a pas les méchants Russes et les gentils Ukrainiens. D’ailleurs, il n’y a jamais de méchants ou de gentils : il y a des gens qui font des choses méchantes et des gens qui font des choses gentilles », ajoute Maelys Le Levreur.

Les enfants ont aussi besoin de savoir qu’à cet énorme problème qu’est la guerre, il y a des solutions et qu’ils peuvent apporter leur pierre à l’édifice. N’hésitez pas à leur parler des dons, des collectes et à les engager dans ces actions concrètes.

Quelques médias pour vous aider

– 1jour1actu, le transmédia d’actualité pour les enfants à partir de 8 ans, a sorti un numéro spécial Ukraine (en téléchargement libre),

le podcast “Salut l’info !” réalisé par franceinfo et Astrapi a consacré plusieurs épisodes à la guerre en Ukraine (pour les 7-11 ans),

les journaux Le petit quotidien (6-10 ans), Mon quotidien (10-13 ans) et l’Actu (13-18 ans) sont aussi très bien faits.

Pour recevoir le replay de notre live avec Maelys Le Levreur, c’est ici, la totalité des fonds récoltés grâce à vous sera reversée à l’Unicef Ukraine.

Crédit photo : Kelly Sikkema / Unsplash