Vos confidences : j’ai bénéficié d’un don d’ovocytes

Parce que tomber enceinte n’est pas toujours aussi simple qu’on le voudrait et relève parfois d’un véritable combat, il existe la possibilité pour certaines femmes d’avoir recours à un don d’ovocytes. Insuffisance ovarienne, risque de transmission de maladie génétique ou anomalie des ovocytes… Autant de cas qui dirigent de nombreux couples vers cette étape d’un parcours PMA. Adeline, Flora et Michèle ont accepté de nous raconter leurs histoires singulières et leur parcours pour bénéficier d’un don d’ovocytes. Des témoignages emplis de doutes et d’amour, mais surtout porteurs d’espoir pour celles qui découvrent ces démarches.

Comment avez-vous pris la décision d’avoir recours à un don d’ovocytes ?

Adeline : Mon nouveau compagnon et moi avons rapidement décidé d’avoir un enfant ensemble. Il n’avait pas d’enfant, moi si. J’avais alors 46 ans. Ma gynécologue m’a fait savoir que mes ovocytes étaient « trop vieux » et m’a immédiatement informée de la possibilité d’avoir un recours à un don d’ovocytes (à l’étranger, ndlr). Nous nous sommes tout de suite dit que nous allions tenter notre chance. Parallèlement, nous avions entamé une démarche d’adoption pour maximiser les chances d’avoir cet enfant.

Flora : Avec mon mari, nous sommes d’abord passés par un processus de PMA « classique », après un an d’essais infructueux naturellement. Après plusieurs inséminations artificielles et FIV, il s’est avéré que je ne réagissais plus aux traitements hormonaux, ma réserve ovarienne était devenue trop faible. Ma gynécologue nous a alors conseillé d’aller en Espagne sans perdre de temps pour recevoir ce don. En France, on aurait pu attendre jusqu’à 3 ans pour avoir une donneuse. J’étais alors épuisée par l’attente, les traitements…. Nous avons hésité avec l’adoption, mais les délais auraient été aussi longs et nous n’avions pas le courage d’attendre davantage. En une semaine la décision a été prise. Je voulais tenter une fois avant de tourner la page et de renoncer à être mère, pour aller au bout du parcours.

Michèle : Pour moi, la décision n’est pas venue tout de suite. Quand j’ai rencontré mon compagnon, nous avons rapidement parlé d’enfant car j’avais déjà un âge avancé. Après avoir essayé naturellement, nous avons rapidement fait des tests et je n’avais plus que 5% de chances d’être enceinte avec mes propres ovocytes. Après une période de culpabilité, j’ai fait tout un travail pour accepter d’avoir un enfant avec PMA. Une fois que j’étais prête mentalement, nous avons tout mis en œuvre avec beaucoup d’espoir pour passer à l’étape suivante. Nous nous sommes dirigés vers l’Espagne parce qu’en France malheureusement, le recours à ce don ne peut plus se faire au-delà de 42 ans.

Quelles ont été les étapes jusqu’au don ?

Adeline : Une fois notre dossier constitué, nous l’avons remis à une clinique barcelonaise. Comme je n’avais pas de problèmes physiques particuliers, je me suis dit que nous avions toutes les chances que cela fonctionne. Mais entre le temps de suivre les procédures, de faire les allers-retours chez le médecin et de récolter les spermatozoïdes, cela nous a quand même pris presque deux ans.

Flora : Nous avons passé un entretien téléphonique avec une clinique à Madrid et le feeling est bien passé. Notre gynécologue en France nous a même permis d’obtenir une réduction car elle faisait partie des médecins partenaires. Nous avons également réalisé un dossier pour une prise en charge partielle de la Sécurité Sociale. Nous nous sommes ensuite rendus à la clinique pour tester la compatibilité de Philippe, mon mari, avec la donneuse, faire la congélation du sperme et remplir nos critères (pour la donneuse).

Nous avons alors attendu 3 semaines pour avoir les résultats du test génétique et en une journée, ils avaient déjà trouvé quelqu’un ! J’ai alors pris un traitement pendant 30 jours pour préparer mon corps à recevoir l’embryon. À la fin du mois, on nous a appelés pour venir faire la FIV. Le jour J, c’est un moment très fort, on nous remet une photo de l’embryon et le transfert se fait en quelques secondes. Je suis ensuite restée allongée quelques minutes pour me remettre de mes émotions. Les conditions étaient très bonnes, bien meilleures qu’en France où j’avais parfois l’impression de n’être qu’un simple numéro et où le personnel ne prend pas toujours le temps de parler.

Michèle : Pour ma part, cela n’a pas fonctionné du premier coup, cela a pris beaucoup plus de temps. J’ai d’abord fait une première FIV qui s’est soldée par échec. Il m’a fallu six mois pour réfléchir et pour que mon corps se repose après les premiers traitements hormonaux. Cela a été vraiment difficile. Après un autre essai sans résultat, il a fallu trouver une nouvelle donneuse. Cela a encore pris plusieurs mois. Et cette fois-ci nous avons fait le transfert avec deux embryons pour maximiser nos chances, parce qu’on savait que c’était notre dernière tentative. Je m’étais dit que si ça ne marchait pas cette fois-ci, je fermerais ce chapitre et je vivrais heureuse.

Avez-vous rencontré des doutes ou des angoisses une fois lancée dans ce projet ?

Adeline : Pour nous, il y avait la question financière qui entrait en ligne de compte. Nous n’aurions pas pu continuer si ça n’avait pas fonctionné du premier coup. Une fois enceinte, je me suis posée beaucoup de questions sur l’apparence du bébé : « À qui allait-il ressembler ? ». Et sur les risques de maladies génétiques qu’il pourrait avoir. Mais la donneuse reçoit une batterie d’examens, c’est bien encadré, donc j’ai vite arrêté de creuser. Je me suis enfin questionnée sur les motivations des donneuses, parce que je sais qu’elles sont rétribuées. Mais là encore, je sais que l’argent ne peut pas être la seule chose qui les pousse à faire un si beau geste.

Michèle : Je dirais que ce qui m’a fait douter et culpabiliser, ce sont les échecs. Je les vivais dans ma chair de femme, je me disais : « Pourquoi ça ne fonctionne pas pour moi, alors que je fais tout ce qu’on me demande ? ». Je me suis vraiment demandé si je devais continuer en dépit de cette souffrance et de ce stress dans le couple, c’est un sacré bouleversement…

Avez-vous été bien entourées pendant cette période ?

Flora : Disons que tout ce parcours, nous l’avons vécu à deux avec mon mari et parfois chacun de notre côté. C’est tellement unique qu’on se sent très souvent seuls face aux annonces ou aux décisions à prendre. Mais j’ai été suivie par un psychologue, qui m’a beaucoup aidée. Cela m’a permis de rester concentrée sur ce que je voulais vraiment.

Michèle : Nous, avec Romain, nous avions fait le choix de ne pas en parler à notre famille pour protéger tout le monde, nous et eux. Nous ne voulions pas être constamment dans un jeu de questions-réponses et nous voulions éviter la double peine. En revanche, quelques amis le savaient et ils nous ont beaucoup soutenus.

Comment et quand en avez-vous parlé à vos enfants ?

Adeline : Moi, j’ai tout de suite parlé à Léon de ça quand il était petit, avant même qu’il ne parle. Plus tard, c’est lui qui a posé des questions et j’ai pu lui dire que pour l’avoir, une gentille dame m’avait donné des ovocytes pour que ça fonctionne. Comme nous avons fait le transfert à Barcelone, je lui dis parfois qu’il doit avoir du sang espagnol.

Flora : Mon bébé n’est pas encore né, mais je pense que c’est très important qu’il n’y ait aucun secret. Ça m’est déjà arrivé de lui parler de son histoire ces derniers mois alors qu’il est dans mon ventre. Je lui dis que je suis très reconnaissante du don qui m’a été fait. Quand il sera là, je lui en parlerai et répondrai à ses questions. Ce serait vraiment bizarre qu’il ne connaisse pas toute son histoire alors même que notre entourage la connaît.

Auriez-vous un conseil à donner aux femmes qui se trouvent face à ce projet de don d’ovocytes ?

Adeline : Ce que je dis en général à des amies qui peinent à être enceintes, c’est que si elles veulent un enfant, elles en auront un. J’y crois vraiment. Une personne qui est prête à attendre et à multiplier les actions, finira par en avoir un d’une manière ou d’une autre. Il faut se constituer une petite réserve financière, il faut y croire et ne pas se décourager.

Flora : Le don d’ovocytes est un choix personnel, mais sur la PMA, je dirais qu’il ne faut pas oublier de prendre du temps pour soi. On est embarquée dans des traitements lourds et longs, on peut vite perdre pied. Par moments, je pense m’être perdue, je n’étais qu’un corps qui répond à un traitement médical. Il faut garder en tête que ça peut quand même durer des années.

Michèle : Moi, ce qui m’a aidée, c’est de bien m’entourer. Il faut avoir un petit cercle de proches pour être sûre que quelqu’un sera là pendant les moments difficiles.

Plus d’infos sur le don d’ovocytes en France sur le site dondovocytes.fr. 
Crédit photo : Belly Balloon photography / Les Louves