Bilan de fertilité : quels examens pratiquer pour faire un point sur sa fertilité ?

Quand on envisage de concevoir un enfant, ou au contraire si l’on souhaite se laisser du temps, voire quelques années encore avant de fonder une famille, comment savoir où nous en sommes de notre capacité à concevoir ? Si l’on ne veut pas se retrouver piégée par la fameuse « horloge biologique », quels examens pratiquer et quand peuvent-ils être prescrits ? On a posé toutes nos questions à la Professeure Nathalie Massin, endocrinologue de la reproduction à l’hôpital de Créteil et à l’hôpital américain de Paris à partir de janvier 2024. Elle fait partie de l’équipe qui a créé le Fertilité Check-up, un bilan de fertilité ouvert à toutes les femmes. 

En quoi consiste le bilan de fertilité que vous avez mis au point à l’hôpital de Créteil ?

Nous avons développé un bilan de fertilité standardisé qui comprend un questionnaire écrit, une échographie et un entretien avec un professionnel de la fertilité. Il est proposé à toutes les femmes, à tout moment de leur vie, qui souhaitent se renseigner sur leurs capacités à procréer.

Qu’est-ce qui est nouveau dans cette approche ?

Grâce à notre historique et une grande expérience dans les échographies gynécologiques avec le Dr Jean-Marc Levaillant au sein de l’hôpital de Créteil, nous avons pu mettre au point une échographie tout-en-un – le Fertiliscan-, pratiquée autour du 8e jour du cycle, qui permet de voir la totalité des organes génitaux féminins. On détermine si l’ovulation naturelle se fait bien, si l’utérus est en capacité de recevoir une grossesse, si les trompes sont perméables et s’il n’y a pas d’endométriose. 

C’est un examen assez complet qui permet aussi de regarder la réserve ovarienne qui n’est pas un marqueur de fertilité mais un point de repère dont il faut tenir compte quand on a un projet d’enfant à plus ou moins long-terme.

Il permet aussi d’éviter l’hystérosalpingographie, que je déconseille dans le cadre d’un bilan de fertilité, une radiographie des trompes mal tolérée et douloureuse, qui expose inutilement le corps aux rayons X.

Pourquoi avoir développé cet examen ?

En général ce type d’examen est prescrit en cas de bilan d’infertilité, c’est-à-dire quand on constate l’absence de grossesse malgré des tentatives naturelles de la part des couples, et que l’on recherche une pathologie pour expliquer l’absence de grossesse spontanée. 

Le bilan de fertilité est né de mon expérience : en consultation, je vois trop de femmes arriver tardivement pour bénéficier d’une AMP, sans aucune information, qui auraient eu plus de chances de concevoir si elles avaient pu faire ce type de bilan quelques années plus tôt, si on avait pu dépister un souci, des antécédents et apporter le bon conseil en fonction de son projet de vie et de famille. 

Ce bilan répond aussi à une demande des femmes, il y a un besoin d’«empowerment » dans la société : on souhaite pouvoir intégrer le projet d’enfant dans son projet de vie et selon ses priorités du moment. 

La nouvelle loi de bioéthique de 2021 autorise la conservation des ovocytes par convenance (auparavant cette conservation était réservée aux indications médicales), pour les femmes à partir de 29 et jusqu’à 37 ans, est-ce que vous recommandez un bilan de fertilité avant d’entamer cette démarche ?

Oui cela semble logique de pouvoir vérifier si la réserve ovarienne est suffisante et si l’on n’a pas de problème a priori pour concevoir, de prévoir un bilan de fertilité avant de conserver ses ovocytes. Ce bilan permettra aussi de bénéficier d’un conseil adapté en fonction de son âge, de son projet de vie, et de sa réserve ovarienne. L’objectif est d’éviter un grand nombre de congélations inutiles (moins de 10% des femmes utilisent leurs ovocytes congelés) et de la conseiller quand cela s’inscrit dans une augmentation réelle des chances de fonder une famille.

Est-ce que le Fertilité Check-up est remboursé par l’Assurance Maladie et combien coûte-t-il ?

L’examen complet avec le questionnaire, le Fertiliscan, l’analyse des résultats et l’entretien coûte 350€ et n’est pas pris en charge lorsqu’il s’agit d’une démarche autonome sans indication de recherche de pathologie ou de cause d’infertilité.

Où peut-on le pratiquer, en dehors de l’Hôpital de Créteil ?

Nous sommes encore les seuls à le proposer, mais suite aux bons résultats obtenus (97% des femmes qui en ont bénéficié le recommandent) nous avons créé une association pour permettre à d’autres centres de le mettre en place. En 2024, on pourra donc faire ce bilan à Montpellier, Nantes, Marseille, Paris, Lyon, et Liège en Belgique. (plus d’infos sur le site du CHI de Créteil)

Quand conseillez-vous de réaliser ce bilan ?

Quand et si on a un projet d’avoir un jour un enfant dans sa vie, évidemment. L’idéal serait de le faire entre 30 et 33 ans, à ce moment-là on a encore toutes les possibilités et l’examen permettra de s’orienter. 

On peut le faire plus tôt si on a des antécédents dans la famille de ménopause précoce, de malade gynécologique ou si on a une inquiétude particulière suite par exemple à une IST (infection sexuellement transmissible) ou une IVG. 

Quels sont les examens à pratiquer pour tester sa fertilité si l’on n’a pas accès au Fertilité Check-up ?

On peut en parler avec son médecin ou gynécologue ou demander une consultation de prévention dans un centre d’AMP, il faut en tout cas s’adresser à un praticien formé sur les questions de fertilité. 

Il y a 3 examens que l’on peut pratiquer pour faire un point sur sa fertilité quand on est une femme : 

  • Un bilan de réserve ovarienne avec un dosage d’AMH par prise de sang.
  • Une échographie endo-vaginale pour vérifier la réserve ovarienne, l’état de l’utérus, des trompes, des ovaires, et dépister une endométriose.
  • Pour examiner les trompes, l’examen qui remplace l’hystérosalpingographie est l’HYFOSY : il permet de vérifier la perméabilité des trompes lors d’une échographie en injectant une mousse dans la cavité utérine permettant ainsi de visualiser le passage de cette mousse dans les trompes.

Il faut préciser que lorsqu’ ils sont l’objet d’une démarche personnelle et ne sont pas prescrits dans le cadre d’une indication médicale, ces examens ne sont pas remboursés par l’Assurance Maladie.

Est-ce qu’un test d’ovulation acheté en pharmacie peut nous renseigner sur notre fertilité ? 

Oui en partie. Le test peut confirmer qu’il y a une ovulation, mais ce n’est pas la seule chose indispensable pour concevoir un enfant…

Existe-t-il de tels bilans de fertilité pour les hommes ? 

Nous sommes en train de développer la version masculine du Fertilité Check-up, en effet de plus en plus d’hommes (et de femmes) le demandent.

Crédit photo : Giorgio Trovato -Unsplash