La parentalité est faite de petites et grandes joies. Elle apporte aussi son lot de doutes et de questions : biberon ou allaitement ? Vais-je bien faire ? Comment l’aider à dormir ? Pourquoi je n’arrive pas toujours à consoler mon bébé ? La liste est longue et il est tout à fait légitime de vouloir ce qui est bon pour son enfant. Pas simple non plus de s’y retrouver parmi les nombreux sites Internet et la multitude d’informations sur les réseaux sociaux, sans parler de votre entourage qui donnera peut-être son avis. Que faire face à toutes ces interrogations ? Comment y répondre ? Doit-on écouter tous les conseils ? Vers qui se tourner vraiment en cas de besoin ? Voici quelques pistes pour y voir plus clair et (ré)apprendre à s’écouter, pour mieux se faire confiance.
Oui, toutes les questions sont légitimes
Si certains parents ont déjà côtoyé des bébés dans leur entourage, pour d’autres, porter un bébé, le changer, le nourrir, le consoler est une première. J’entends souvent dire qu’autrefois les jeunes parents se posaient moins de questions. Sauf qu’aujourd’hui, de nombreux parents sont isolés et la pression parentale est différente. Et puis, qu’y a-t-il de mal à vouloir ce qu’il y a de bon pour son enfant ? Oui, accueillir un bébé suscite des questions. Il ne faut pas oublier non plus que les sujets de puériculture et de parentalité ont beaucoup évolué ces dernières années, que les neurosciences ont permis de mieux comprendre le tout-petit. Nos pratiques ont donc changé, elles ont été repensées parce que le bébé n’est pas qu’un tube digestif, et on sait aujourd’hui combien il est important de l’écouter, de le porter, de ne pas le laisser pleurer… Autant de sujets qui font débat et qui sont souvent source de doutes pour les parents.
Ciblez vos lectures (y compris sur Instagram)
Les livres, les réseaux sociaux et les sites internet ont du bon, car ils permettent de trouver de l’information et des astuces, de se rassurer, de se sentir moins seul. Toutefois, ils peuvent aussi avoir l’effet inverse et on finit par s’y perdre, car il n’est pas rare de lire tout et son contraire. Alors comment s’y retrouver ? Peut-être ne choisir qu’un ou deux sites, avec de vrais conseils de professionnels. Quant aux réseaux sociaux, avec tout ce qu’ils offrent d’intéressant, le risque de se comparer ou de culpabiliser n’est jamais très loin. L’idée n’est pas de s’en couper totalement, mais de choisir des comptes qui vous donnent de l’information fiable.
Autorisez-vous à ne pas avoir certaines conversations
Que faire des avis de l’entourage ? Aussi bienveillant qu’il soit, il n’est pas rare que chacun y aille de sa remarque ou de son avis, que bien sûr vous n’avez pas toujours sollicité. Chacun projette alors sa propre histoire, ses propres regrets ou ses envies. L’entourage peut être d’excellent conseil, prenez ce qui est bon pour vous. Si ce n’est pas le cas, si les remarques vous agacent ou vous blessent, alors il est nécessaire de mettre des limites. Ce n’est jamais agréable, on ne veut pas blesser et c’est louable. Toutefois, de nombreux parents, souvent vulnérables et fatigués dans les premiers mois, peuvent être très décontenancés par ces remarques. Cela remet parfois votre bon sens en question et peut vous faire douter de vos compétences. Combien d’allaitement sont écourtés ainsi ! L’important est donc de ne pas trop en raconter, de ne pas trop créer de débat sur vos choix lors des réunions de famille, autorisez-vous à dire que vous ne souhaitez pas en parler.
Dans tous les cas, il y aura toujours quelqu’un pour vous dire que ce que vous faites n’est pas bien. Alors pas de panique, vos choix concernant votre bébé n’appartiennent qu’à vous et votre conjoint. Il est important également de s’autoriser à refuser les visites à la maternité ou les premiers jours à la maison si vous avez besoin de temps pour prendre vos marques. Il sera aussi nécessaire dans certains cas de rappeler les rôles de chacun : les grands-parents ne sont pas les parents et votre cousine n’est pas la mère de votre bébé… En revanche, l’entourage peut être d’une très grande aide pour vous soulager des tâches du quotidien. N’hésitez pas à les solliciter, ils seront sûrement très heureux de se rendre utiles. Enfin, il peut être intéressant de s’appuyer sur des éléments scientifiques et médicaux quand l’ancienne génération vous dira « laisse-le pleurer, il fait un caprice », « ne le prends pas trop dans les bras, il ne voudra plus te quitter ». On connaît aujourd’hui beaucoup mieux les besoins physiologiques et affectifs de l’enfant, cela permet parfois de clore le débat.
Courants éducatifs : ne prenez que ce qui vous correspond
La maternité est souvent montrée comme un grand bonheur, un épanouissement de la femme qui devient mère. Et c’est souvent le cas. Parfois la situation est plus nuancée, car la parentalité est faite de joies et de difficultés. Pourtant on voit assez peu de publicité de mère changeant son enfant en faisant la tête, ou donnant à manger à son bébé qui préfère jeter son assiette par terre. L’image de la maternité épanouie et de la parentalité heureuse a aussi ses limites : cela peut générer une pression parentale difficile à dépasser et de la culpabilité. Oui vous avez le droit de ne pas trouver la maternité aussi épanouissante qu’on le dit, et oui vous avez le droit de trouver que c’est difficile d’être parent. Cela ne fait pas de vous une mauvaise mère. Les différents courants éducatifs de ces dernières années peuvent aussi semer le trouble chez les parents : « Et si je ne fais pas comme ça, suis-je un mauvais parent ? » Il y a autant de manières d’être parents et d’éduquer ses enfants qu’il y a de parents, d’enfants, d’histoires, de cultures. Prenez ce qui vous paraît le mieux pour vous, votre conjoint et vos enfants.
Entendez votre petite voix
Parfois il sera nécessaire de demander conseil pour avoir des informations ou pour être simplement confortée dans votre idée. Dans d’autres cas, peut-être que cette petite voix intérieure est à entendre et à suivre. L’observation de votre bébé, le temps passé avec lui, les gestes que vous allez répéter, vont petit à petit vous donner confiance. Vous sentirez jour après jour cette assurance grandir, vous permettant de faire comme vous le sentez, sans douter de vous si quelqu’un vous fait une réflexion. Et n’oubliez pas : la mère parfaite n’existe pas. La parentalité c’est accepter de se tromper. Vous allez faire des choix en pensant que ce sont les bons, et ça ne sera pas toujours le cas. Pas d’inquiétude, vous ferez autrement la fois suivante, votre bébé ne vous en voudra pas. Appuyez-vous sur votre conjoint également, lui aussi va apprendre avec vous, et chacun a ses propres ressources pour cheminer dans la parentalité.
Kiné, sage-femme, consultantes… Confiez-leur vos maux
Vers qui se tourner si vous avez besoin d’aide ? Si vous avez besoin d’être écoutée, soutenue, encouragée, rassurée, tournez vous vers des professionnels de santé de confiance : médecin, sage-femme, pharmacien, gynécologue, ostéopathe, kiné. Et si vous ne vous sentez pas écoutée, alors changez de praticien. Il existe aussi des professionnels de la périnatalité qui peuvent vous accompagner : une doula, une conseillère en lactation, une consultante en périnatalité, la PMI. La priorité est de ne pas rester seule et de vous sentir à l’aise et entendue.
Stéphanie de Boüard est consultante en périnatalité. Vous pouvez la retrouver sur son compte Instagram ou sur son site.
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