Devenir parent : comment se faire confiance avec son bébé ?

Devenir parent est un cheminement : on apprend à découvrir son enfant, à adopter son rôle de père ou de mère, et à trouver l’équilibre dans la nouvelle famille que l’on a formée, au fil des jours. Cela se fait souvent la peur au ventre : et si je n’étais pas à la hauteur ? Et si je n’y arrivais pas ? Et si ce rôle n’était pas fait pour moi ? Maëlys Lelevreur nous rassure, et nous explique comment chaque parent doit se faire confiance avec son bébé.

Devenir parents, c’est décider un jour de faire une place dans votre bulle d’amour à un petit être.
Devenir parents, c’est mettre au monde un enfant, s’attacher à lui et lui préparer un cocon rassurant.
Devenir parents, c’est faire connaissance avec celui que vous avez imaginé tant de fois.
Devenir parents, c’est se rendre compte qu’il a plein de cheveux alors que vous l’aviez imaginé chauve !
Devenir parents, c’est s’occuper d’un bébé totalement dépendant de vous.
Devenir parents, c’est affronter le manque de sommeil et des inquiétudes jusque-là inconnues.
Devenir parent, c’est voir son conjoint ou sa conjointe dans un rôle qu’il ou elle ne connaît pas.
Devenir parents, quelle belle aventure !

Comment on fait, en tant que jeunes parents, pour ne pas perdre pied par rapport à ce tout petit qui nous questionne ?

Avant de le mettre au monde, vous avez lu 6537 livres un peu contradictoires, vous avez assisté à des cours, regardé des vidéos, écouté vos familles partager avec vous leurs expériences.
Vous avez liké 5379 photos de bébés sur Instagram en imaginant le vôtre. Vous avez fait une place à ce futur être, dans votre cœur, dans votre tête et dans votre foyer avant qu’il ne soit là. Il y a de quoi avoir quelques appréhensions. Cette peur est légitime et saine. La peur est une émotion et, comme toute émotion, il faut la vivre pour pouvoir ensuite la dépasser.

Comment faire alors pour s’occuper de ce tout petit ?

Il est venu au monde sans mode d’emploi et avec un fort besoin de connexion. De connexion à vous.
Alors, regardez-le, prenez le temps d’apprendre à différencier ses mimiques et laissez-vous le temps de tâtonner, de vous tromper, d’expérimenter.
Parlez entre vous, parents, partagez-vos ressentis, vos émotions. L’autre doit être un allié dans cette belle aventure. Vous aurez chacun, vos forces et vos faiblesses. Si vous n’êtes pas à l’aise pour donner le bain par exemple, l’autre pourra prendre le relais. Car être parent, c’est faire équipe.
Les pédiatres sont aussi là pour cela et, si vous ne les trouvez pas assez à l’écoute, tournez-vous vers les PMI qui ont des équipes de professionnels.
Entourez-vous de professionnels : des gens avec des diplômes de la petite enfance qui pourront vous parler du développement de votre enfant et vous rassurer. Instagram n’a pas de diplôme petite enfance. Je dis souvent qu’Instagram peut être pire que toutes les belles-mères réunies, et plus je le dis, plus j’en suis sûre !
Alors, quand votre enfant est malade ou que vous voulez commencer la diversification, adressez-vous à des professionnels plutôt qu’aux réseaux sociaux.

Les doutes sont-ils normaux ?

Oui, le temps des tâtonnements est normal et nécessaire pour avancer et faire connaissance avec son bébé. Dire à son bébé que l’on tâtonne, que l’on apprend à s’occuper de lui, c’est normal et sain, on ne naît pas parents, on le devient.
Au début, il va vous falloir accepter un temps d’hésitations et d’apprentissage. Il n’est inné pour personne de savoir comment changer une couche ou donner un biberon. Et, chose importante, chaque parent fera différemment. Pas mieux ou moins bien que l’autre, juste différemment de l’autre. L’enfant se construira dans les différences et la complémentarité de ses parents.

Comment faire, malgré tout, si on se sent perdu ?

Aujourd’hui, l’infobésité fait douter les parents. De plus en plus. On lit, on regarde, on envoie des MP, on regarde des tutos et on doute de soi. On doute face à un enfant qui lui ne sait pas.
Alors, ma réponse est : ayez confiance en vous. Vous savez tellement de choses ! Vous savez l’importance du sommeil, d’une alimentation de qualité. Vous savez que le bébé a besoin des bras. Vous savez la température qu’il fait dehors et comment l’habiller. Vous savez les dangers de la route. Vous savez cela car vous êtes des adultes avec une expérience de la vie. Vous savez cela car vos parents vous l’ont appris quand vous étiez petit.
Votre bébé n’a pas cette expérience. Vous devez donc être le guide de votre enfant et le faire voyager sur le chemin de la vie.

Et quand cette peur nous déborde ? Comment fait-on ?

Vous aimeriez comprendre vos émotions débordantes mais certaines vous étaient jusqu’alors inconnues. Alors, parfois ça déborde.
Parlez à votre bébé, dites-lui votre besoin de prendre un peu soin de vous pour revenir mieux et prendre soin de lui. Ne vous oubliez pas, prenez du temps pour vous. Permettez-vous cela, même si c’est juste pour s’enfermer dans la salle de bain et boire une tasse de thé.
Renseignez-vous avant la naissance sur les heures d’aides ménagères possibles, par exemple auprès de la CAF.
Anticipez ces premiers mois. Pourquoi, par exemple, ne pas faire venir un chef à domicile avant la naissance pour une après-midi de cuisine entre amis ? L’intérêt ? Les plats préparés seront tous pour vous et votre congélateur sera plein pour l’après-naissance.
Plus tard, c’est votre famille ou vos amis qui pourront vous aider pour que vous puissiez prendre soin de vous et de votre couple. Le couple peut parfois vivre l’arrivée du nourrisson comme une tempête émotionnelle, il faut se ménager du temps pour en parler.

Donc, finalement, vouloir être parfait ne sert à rien ?

Surtout, dites-vous que le parent parfait n’existe pas mais que vous serez le parfait parent de ce petit être que vous avez mis au monde. Lui n’en doutera pas, au moins jusqu’à ses 13 ans !
Et puis, quelle pression pour lui si vous étiez vraiment parfait… Vous êtes donc le parfait parent imparfait pour votre enfant ! Et n’oubliez pas, avoir peur, c’est normal, c’est l’inverse qui ne le serait pas.

Des livres pour vous accompagner :

Voici quelques livres pour pousser cette réflexion :
La première fois que je suis née, de Vincent Cuvellier
Pourquoi l’amour ne suffit pas, de Claude Halmos
Journal de bord d’une maternité décomplexée, de Déborah Laurent

 

Crédit Photo : Liv-Bruce/Unsplash