Vos confidences : allaiter ou pas, avez-vous ressenti une pression par rapport à votre décision ?

C’est un peu le tabou moderne, celui de la maman parfaite, qui doit répondre à des injonctions diverses et paradoxales : reprendre le travail quelques semaines à peine après avoir accouché, tout en allaitant son bébé, ou ne pas subir sa maternité et opter pour le biberon… Difficile parfois d’assumer ses choix, tant la pression est diffuse et contradictoire. Et qu’en pensent les premières concernées ? Vous avez témoigné sur votre choix d’allaiter ou non, avec bienveillance et toujours beaucoup de sincérité.

 

J’ai toujours été étonnée de constater à quel point l’allaitement pouvait être un sujet épidermique, qui soulevait les réactions les plus engagées et les prises de position les plus vindicatives. Mon expérience personnelle m’a fait comprendre que j’étais certainement à un croisement de générations et que ce sujet portait en lui toutes les révolutions pour lesquelles nos aînées ont dû se battre, mais aussi les nouvelles injonctions que les femmes de mon âge devaient subir. Ce qui aboutit à une joyeuse cacophonie entre le « ne soit pas esclave de ton bébé, laisse le papa prendre sa part de responsabilité » asséné par ma tante, et le « il n’y a rien de plus naturel que l’allaitement, donne le meilleur à ton enfant » de ma meilleure amie. Difficile de faire son choix en toute liberté, sans ressentir une quelconque pression dans ces conditions… Et pourtant l’allaitement (ou non) est une décision intime, difficile parfois, et on espérerait le soutien inconditionnel de son entourage, peu importe le choix que l’on fait pour nourrir son enfant. Vos témoignages, bienveillants et encourageants, sont la preuve qu’entre elles, les mamans peuvent se donner les bons conseils, sans jugement.

Ne pas écouter les avis sur l’allaitement 

« Octave a eu une semaine hier, et c’est déjà toute une vie. J’ai pris la décision d’allaiter en me disant j’essaie et on verra. Je ne me suis pas contrainte, zéro pression, et je n’ai pas écouté les avis donnés par chacun dans mon entourage », raconte Maud.

« La pression? Oui je l’ai eue ! Quand je devais allaiter mon bébé devant mes amis, ma famille, mais j’ai mis les choses au clair tout de suite, si ça dérangeait la porte était par là ! J’ai aussi ressenti la pression de ne pas y arriver, la pression d’être seule la nuit pour le nourrir, la pression des pics de croissance. Et puis, les premières remarques : « tu vas l’allaiter jusqu’à quand encore ? », «  et sinon tes seins ça va ? ». Quoi que l’on fasse, les gens auront toujours des choses à dire… Mais ce que j’ai ressenti et vécu avec mon petit vaut et vaudra toujours mieux que ces paroles. », témoigne Céline.

« En Suède où je vis, les mamans n’ont pas le choix : l’allaitement est vu comme l’unique option. Et si ça ne marche pas, il faut persévérer. Avant la naissance de mon premier enfant, je n’avais pas vraiment d’opinion sur le sujet, j’avais seulement un peu peur que l’allaitement soit avilissant, je me voyais esclave d’un bébé glouton et je craignais d’exclure le papa en construisant une relation fusionnelle. Mais finalement j’ai eu beaucoup de chance car tout s’est bien passé et mon fils a même vite fait ses nuits. J’ai naturellement recommencé pour mon deuxième puis mon troisième enfant parce que je trouvais ça très pratique et que tout le monde y trouvait son compte. Pas besoin de penser lait et biberon quand je sortais de la maison ! », explique Camille.

Besoin de soutien pour les premiers mois 

« Je n’ai connu aucune pression quant à allaiter ou pas, mais plutôt entendu le discours : mieux vaut un biberon donné avec plaisir, que le sein stressée. Reste que pendant les trois premières semaines durant lesquelles j’ai allaité mon petit Côme, il perdait du poids, et beaucoup de personnes m’ont dit qu’il fallait que je songe au biberon… Je voulais tout sauf entendre cela. Heureusement ma soeur est restée pour me soutenir, et c’est grâce à elle que nous avons passé le cap critique des trois semaines. L’allaitement requiert un soutien important lors du premier mois, car ce n’est vraiment pas facile (crevasse, fatigue, mise au sein difficile…). Mais il est important de passer ce cap pour en faire un moment de bonheur. », partage Sophie.

« Si je n’ai pas ressenti de réelle pression, j’aimerais juste qu’on arrête de nous dire que l’allaitement au sein est la chose la plus saine et la plus instinctive au monde. Pour ma part, les premières semaines ont été dures, c’est un marathon, de l’entraînement et de la persévérance (et quelques crevasses bien douloureuses). De plus, les deux mois d’allaitement de ma première fille l’ont menée à être assez maigre car mon lait n’était pas assez nourrissant (si, je vous assure que ça arrive). C’est peut-être bien la seule chose culpabilisante que j’ai eue, quand le personnel soignant s’obstine à vous dire que tout les laits maternels sont bons… », raconte Eugénie

Opter pour l’allaitement mixte, sans complexe 

« Le retour de la maternité à la maison a coïncidé avec la montée de lait et les difficultés pour mon bébé d’attraper le sein, donc engorgement, désarroi, craquage… et un petit biberon. Mon mari a été d’un soutien sans faille, me disant que je pouvais arrêter d’allaiter ou non, que cette décision m’appartenait. Mais nous nous sommes accrochés tous les deux, et quelques jours plus tard l’affaire était réglée. Mais quand, à trois heures du matin, je me sens si épuisée que j’ai peur de lâcher mon bébé durant la tétée, on opte pour un petit biberon et on en parle plus ! Et sans complexe, malgré les recommandations des puristes ! », confie Maud.

« J’ai eu recours à l’aide de ma soeur qui est venue à la maison pour que je puisse dormir un peu pendant qu’elle s’occupait de mon fils, et j’ai décidé de donner aussi à mon bébé quelques biberons de lait maternisé, pour me laisser le temps de reprendre du poil de la bête… Et ça a marché! Aujourd’hui j’allaite encore mon fils et nous en sommes ravis », raconte Dez Brid.

Douter et culpabiliser

« J’ai eu un petit garçon il y a un peu plus de 10 mois maintenant, et pour moi l’allaitement était une évidence, mais cela n’a pas été un long fleuve tranquille… Mon fils a souffert de reflux, il était tout le temps au sein car cela le soulageait et j’étais épuisée. Sans compter que nous nous sommes retrouvés face à des gens (famille, médecin) qui nous ont fait douter, culpabiliser. J’ai entendu des choses comme « ton lait n’est pas bon, vous lui donnez trop souvent… ». D’autant plus difficile à entendre dans cette période où tout est chamboulé, en plus de la fatigue, du stress, de la peur de mal faire. », confie Dez Brid.

« Pour mon troisième enfant,  j’avais très envie d’allaiter! Je me suis renseignée et je me suis orientée vers une maison périnatale. Mon bébé a 1 mois et demi et l’allaitement est bien en place et j’adore ça. Cependant la question de la durée se pose déjà…Je sens autour de moi une certaine pression dans les deux sens, j’ai l’impression que l’allaitement n’est plus la norme et que le biberon est vu d’un meilleur oeil. En tout cas, chacun y va de son avis : « quand il y a les dents il faut arrêter », «  tu peux quand même le nourrir autrement » », témoigne Océane, maman de trois enfants.

Opter pour le biberon

« Je n’ai pas allaité, je crois même n’en avoir jamais eu l’envie. Nous avons mis beaucoup de temps à avoir notre petite fille et je pense que je n’avais pas envie que le parcours une fois dans nos bras soit aussi compliqué, aux vues de ce que j’entendais sur les difficultés d’allaiter… Est-ce que je ressens une pression ? Je trouve en effet que les mamans qui décident de ne pas allaiter par vrai choix et non par échec de l’allaitement sont souvent regardées d’un mauvais oeil. En tout cas c’est ce que j’ai ressenti. On passe pour de mauvaises mamans qui ne donnons pas le meilleur pour notre enfant. Et j’avoue que ça me met en rogne quand une maman qui allaite peut prendre un air un peu supérieur pour m’expliquer la relation particulière que l’on a avec son enfant en allaitant. Je pense que la relation que l’on crée avec son enfant va bien au-delà de la façon dont on le nourrit. Le peau à peau en est un merveilleux exemple. », confie Tiphanie.

« Pour ma part, j’ai fait le choix de ne pas allaiter. Je suis maman depuis 4 mois d’un petit garçon qui affectionne particulièrement le contact au moment du biberon : regards, caresses, sourires, agrippage de doigts et de cheveux. Il me semblait important que mon compagnon puisse lui aussi créer ce lien au plus tôt, ainsi que ses deux premiers enfants, avec nous une semaine sur deux. Et pourtant ce choix du biberon a été très culpabilisant : « S’il est en mauvaise santé, tu sauras pourquoi », « Moi, le mien, je l’ai allaité jusqu’à ses 2 ans, et il a jamais vu un docteur » , « Tu vas réussir à le nourrir quand même, ce petit…? » Heureusement, le papa, ainsi que beaucoup de mes proches, m’ont soutenue avec bienveillance dans ma décision de ne pas allaiter », raconte Camille.

M.R.

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