Vos confidences : j’ai décidé d’accoucher sans péridurale

Après un premier accouchement compliquépar une erreur de lanesthésiste, Laure, maman de Henri, 4 ans, a décidédaccoucher sans péridurale pour la naissance de son deuxième enfant. Moins de 5 mois après cette « épreuve »elle nous raconte sa préparation et son accouchement. Une expérience qui la convaincue, malgréla douleur.

 

Pourquoi as-tu fait le choix d’accoucher sans péridurale ?

Au départ c’était un choix purement médical. Lors de mon premier accouchement, j’ai eu un problème au moment de la pose de la péridurale, l’anesthésiste a commis une erreur et provoqué une brèche (quand l’aiguille va trop loin et perfore la membrane située juste après l’espace péridural entraînant une fuite de liquide céphalo-rachidien). À cause de cela, les premières semaines avec mon fils ont été difficiles à vivre, je souffrais de maux de tête épouvantables, je ne pouvais pas être en position assise, je n’ai pas pu lui donner le bain et ai subi plusieurs interventions douloureuses pour colmater la brèche. C’est un accident très rare, une erreur médicale, mais après cela, il était hors de question pour moi de revoir l’aiguille d’une péridurale ! Une fois que j’ai commencé à réfléchir à ce projet d’accouchement sans péridurale pour ma deuxième grossesse, j’ai réalisé que ça devenait une vraie conviction, au-delà de l’aspect médical. J’ai découvert un monde en me plongeant dans le sujet : c’était passionnant à préparer comme à vivre.

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Il y a beaucoup de débats sur la péridurale. Le choix a-t-il été facile à assumer ? Comment ton mari et ton entourage ont-ils réagi à ta décision ?

Mon mari comprenait tout à fait car il a évidemment vécu au plus près les problèmes du premier accouchement. Du côté de mes amies, j’ai vu plusieurs réactions : celles qui avaient subi un accouchement sans péridurale sans l’avoir choisi, qui m’ont dit que j’étais folle et qu’elles ne voudraient jamais le revivre ! Celles qui comprenaient mais ne le feraient jamais… Et celles qui ne comprenaient pas car cela revenait selon elles à refuser le progrès, à « régresser » et ne pas prendre en charge la douleur.

 

Comment t’es-tu préparée ?

Comme pour une épreuve sportive, un marathon ! On doit préparer le corps et l’esprit. Mon congé maternité a été largement occupé par cette préparation. J’ai été aidée par une sage-femme qui pratique la méthode « Bonapace » : pour gérer l’accouchement avec moins de stress et moins de douleur et impliquer le papa.

Cette méthode repose principalement sur :

  • Les massages avec le papa, on utilise des points de pression pour mieux appréhender et détourner la douleur.
  • Le travail sur les mouvements du corps (yoga, ballon, etc.) pour gérer les contractions.
  • La respiration: c’est hyper important et c’est ce qui m’a sauvée le jour de l’accouchement…

J’ai également fait du yoga prénatal et de l’hypnose, qui permet de trouver des images refuges et des repères zen quand on perd pied ; plus on pratique ce genre d’exercice plus il est facile de compter dessus le jour J.

 

En quoi tout ça était-il « passionnant » ?

J’ai découvert ce qu’était vraiment un accouchement : la fonction de chaque étape, pourquoi on a mal, ce qui se passe dans notre corps à ce moment-là, le rôle des hormones sécrétées pendant le travail, etc. On comprend toutes ces choses qui font que le bébé s’oriente mieux et que nous nous positionnons mieux. On comprend que notre corps est très bien fait et qu’un accouchement naturel est la meilleure chose qu’on puisse lui offrir. Le problème de la péridurale est qu’elle nous rend passives, on ne ressent pas tout cela et on peut moins agir, ce qui peut rendre finalement l’accouchement plus long et plus douloureux dans certains cas… Ce genre d’argument aide à aller au bout de son choix, parce qu’évidemment, la douleur arrive forcément et de façon très intense à un moment donné….

 

Comment as-tu vécu ton accouchement ?

J’ai vraiment vécu ce deuxième accouchement comme une aventure humaine avec mon mari -qui s’est beaucoup investi- et mon bébé. Je suis hyper fière de ce qu’on a réalisé. J’ai pris plaisir à le vivre. Juste avant j’étais terrorisée, j’angoissais par rapport à la douleur, ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre, mais malgré tout j’étais excitée de le vivre. J’ai eu aussi de la chance car tout s’est passé comme je l’imaginais, il n’y a pas eu de complications avec le bébé, et c’était un deuxième enfant, donc je connaissais un peu mieux le sujet…

 

Comment décrirais-tu ton rapport à la douleur lors de l’accouchement ? As-tu été surprise ?

J’ai trouvé que la douleur des contractions était supportable grâce à toute ma préparation, surtout grâce à la respiration. Plus la douleur s’intensifiait plus je savais que j’allais bientôt voir mon bébé. Mais il y a différentes phases de douleur dans un accouchement. Je redoutais ce qu’on appelle le « mur », la douleur de l’expulsion, les dernières minutes. Le jour J, j’ai fait tout mon travail sur le ballon, au bout de deux heures je suis allée dans la salle d’accouchement. J’ai apprécié à ce moment-là de pouvoir marcher, aller aux toilettes, boire et même manger ; c’était surprenant d’être aussi libre de mes mouvements. Entre deux contractions j’étais très bien, je me reposais. Je sentais ma force et c’était moi qui décidait. On finit par faire équipe avec son corps, avec les contractions et la douleur. J’ai choisi ma position pour accoucher, assise sur la table d’accouchement. C’est à ce moment-là que le mur est arrivé, une douleur impossible… J’ai hurlé et réveillé tout l’hôpital. Je me suis sentie dépossédée de mon corps, c’est lui qui faisait le travail. C’est une immense contraction, avec une impression de déchirement et de brûlure. J’ai l’impression que je n’ai pas géré cette partie là. J’ai été surprise que cela arrive aussi vite, et par l’intensité de la douleur. J’ai poussé environ cinq fois et puis j’ai senti le bébé passer. C’était extrêmement intense.

 

Et juste après, comment se sent-on ?

C’est magique, on a un gros sentiment d’euphorie et on ne sent plus rien, la douleur s’est éteinte. On est vidée. Et juste après on est en forme, on peut marcher, on se lève. On retrouve tout de suite sa liberté.

 

Avec un peu de recul, quelle option choisirais-tu si tu devais avoir un troisième enfant ?

Sans péridurale, sans hésiter. J’ai presque la nostalgie de l’accouchement, j’ai trouvé ça génial. Malgré la douleur. C’est comme si ça avait créé un lien en plus avec mon enfant. On sent qu’on s’est surpassé, c’est une expérience marquante. Maintenant que je sais ce qui se passe à la sortie du bébé je pense que ça se passerait mieux.

 

Quel conseil donnerais-tu à une future maman qui se pose la question, péridurale ou pas ?

Il faut être déterminée et avisée sur le sujet. Ça ne peut pas être décidé à la légère, ni à la dernière minute. La préparation est essentielle. Même le personnel médical conseille une bonne préparation. Je pense que nos mères l’ont mal vécu faute de préparation adaptée. Nous, nous avons le choix et nous pouvons nous préparer en conséquence pour nous réapproprier ce moment. Avoir le soutien de son mari est essentiel. Il faut aussi trouver les bons soutiens médicaux, une maternité avec salle de pré-travail, qui se montre flexible sur les positions d’accouchement. Enfin, ce qui fait la différence selon moi : choisir plutôt cette option pour un deuxième enfant. Pour un premier enfant on ne connaît pas les douleurs des contractions, on n’a pas « ouvert le passage », je ne sais pas si c’est une bonne idée…

Un livre à recommander ?

Accoucher sans stress avec la méthode Bonapace, de Julie Bonapace, Les Éditions de l’Homme.

 

M. D.
Crédit photo :©Belly Balloon Photography / Les Louves

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