Sucette ou pas sucette pour mon bébé ? Focus sur le besoin de succion

Saviez-vous que la succion fait partie des réflexes archaïques innés du nouveau-né ? Que si cette compétence lui est essentielle pour se nourrir, elle permet également de sécréter des endorphines qui lui procurent apaisement et bien-être ? Comment satisfaire ce besoin de succion non-nutritive ? Est-ce que tous les bébés ont les mêmes besoins ? Pouce ou sucette, comment savoir ce qui est bon pour son enfant ? Voici quelques conseils pour vous guider lors des premiers mois avec votre bébé, distillés avec la complicité de MAM.

La succion, un réflexe de survie

Dans les salles de naissance, c’est l’une des premières choses que l’on regarde : le nouveau-né parvient-il à téter ? Mais bien avant cela, on peut l’observer pendant la grossesse, lors des échographies, en train de sucer son pied, le cordon ou son pouce… En effet, « ce réflexe involontaire automatique apparaît autour de 12 semaines de vie in utero », explique Stéphanie de Boüard, infirmière et accompagnante périnatale. Signe d’un bon fonctionnement du système nerveux, cette compétence de succion n’est rien moins qu’un gage de survie, puisqu’elle permet au bébé de se nourrir, mais pas seulement : « La succion déclenche la sécrétion d’hormones endorphines, qui créent la sensation de plaisir et de détente chez le nouveau-né, favorisant également son sommeil et la diminution des pleurs », nous apprend S. de Boüard.

La succion non-nutritive et son rôle d’apaisement

La succion jouerait ainsi un rôle majeur dans le développement psycho-affectif du tout-petit, rôle de réassurance que l’on constate très tôt dans notre expérience de jeunes parents : qui n’a pas éprouvé l’efficacité de la technique du petit doigt glissé contre son palais pour apaiser un bébé énervé ou fatigué ? Une méthode efficace aussi pour savoir si son bébé a faim ou s’il a juste besoin de réconfort : si le doigt ne suffit pas à le calmer, c’est qu’il a faim ! « On peut vraiment distinguer la succion nutritive et la succion non-nutritive liée à un besoin de réassurance, de se bercer, pour s’endormir, comme un rituel », ajoute S. de Boüard.

La succion, un facteur de développement du nouveau-né

Chez les bébés prématurés nourris par sonde naso-gastrique, le recours aux sucettes est fréquent pour stimuler le réflexe de succion et les rendre autonomes sur l’alimentation, mais aussi apporter un réconfort qui contribue à réguler l’état général du bébé et favoriser sa prise de poids. La succion non-nutritive participe ainsi au bon développement de la sphère ORL du bébé : respiration nasale, déglutition, mastication, phonation. Quatre fonctions essentielles qui s’installent au cours des premiers mois de la vie de tous les nouveau-nés.

Pouce, tétine, doudou : comment satisfaire le besoin de succion ?

Pour autant, tous les bébés ne semblent pas avoir les mêmes besoins. Certains prendront leur pouce dans le ventre de leur mère, d’autres, quelques jours ou quelques semaines après la naissance, ne s’apaiseront qu’avec une tétine ou au sein, d’autres encore trouveront une oreille de doudou à sucer au bout de quelques mois. Et d’autres enfin, moins nombreux, ne choisiront aucune de ces options ! « En effet, tous les enfants n’ont pas ce besoin de succion non-nutritive, mais dans les chiffres, cela concerne tout de même 80% des bébés*, il s’agit donc d’un besoin physiologique réel », commente S. de Boüard, qui note que c’est par la bouche que les bébés commencent leur exploration du monde, « il y a donc un besoin de tester et d’explorer qui passe par l’oralité. » Mais alors, comment savoir ce dont son bébé a besoin et quand ? « Il suffit la plupart du temps de le laisser choisir. Si l’on voit qu’il cherche son pouce, on peut l’aider à le trouver, sans forcer bien sûr. » Idem pour la tétine, si l’expérience lui plaît, votre bébé saura vous le faire comprendre, et s’attachera très vite à sa première tétine, d’où l’importance de bien la choisir dès le début.

(*80% des bébés en France utilisent une sucette selon une étude MAM sur échantillon représentatif de 2400 enfants de 0 à 5 ans en mars 2016.)

Du côté des avantages et des inconvénients : le pouce ne se perd pas, il est toujours à portée de main, mais plus tard, plus difficile à abandonner que la tétine. En outre, pour éviter des déformations trop importantes au niveau du palais et des dents, on recommande plutôt la sucette, à condition de mettre fin à cette habitude avant deux ans, au plus tard trois ans. En effet, après trois ans, les effets à long terme de la succion du pouce, d’un doigt ou d’une sucette sont comparables et impliquent les mêmes problèmes orthodontiques.

tétine bébé MAM

Comment choisir une tétine ? Qu’est-ce qu’une sucette physiologique ?

La première règle est de choisir une tétine adaptée à l’âge de son enfant, et de penser à faire évoluer le modèle au fil des mois, pour respecter la forme de son palais.
Pour favoriser le bon positionnement des dents, on choisit un modèle de tétine physiologique : souple, elle présente une partie plate qui vient épouser la forme du palais, pour que le bébé prenne de bonnes habitudes de succion.
Pour permettre le bon développement de la sphère ORL, on veille à ce que le bébé puisse bien fermer la bouche avec la sucette.

Besoin de téter ou de manger : comment faire la différence ?

Lorsqu’un bébé s’agite, cherche avec sa bouche à happer quelque chose, c’est le signe d’un besoin de succion. Parfois pour se faire du bien ou se rassurer, parfois pour s’alimenter. Pour le savoir, Stéphanie de Boüard conseille de procéder par élimination : est-ce l’heure de manger, a-t-il faim ? A-t-il chaud ou froid ? Si ces besoins sont comblés, cela peut être le signe d’un besoin de succion non-nutritif, pour s’apaiser. A contrario, s’il rejette la tétine, le pouce ou le petit doigt, c’est qu’il nous dit autre chose, peut-être a-t-il besoin d’être pris à bras ou porté en écharpe ? « La sucette ne peut être la seule réponse aux pleurs d’un bébé », souligne Stéphanie, « il faut penser à lui proposer un certain nombre de réponses pour qu’il nous donne son vrai besoin. Et réciproquement, quand on a tout essayé, il ne faut pas culpabiliser de donner une tétine si cela répond au besoin du bébé. » CQFD : Inutile de se proclamer pro ou anti-sucette, votre bébé décidera sans doute de lui-même !

Sucette et allaitement sont-ils compatibles ?

Les études menées à ce sujet donnent des réponses contradictoires, explique Stéphanie de Boüard, mais celle-ci conseille, lors des premières semaines, de favoriser la mise en place de l’allaitement en proposant beaucoup le sein, le temps pour le bébé de trouver ses marques et à la lactation de se mettre en route. « Un nouveau-né qui n’est pas encore organisé en termes de rythme alimentaire pourra donc réclamer le sein de façon anarchique au début, pour s’apaiser ou pour manger, c’est une bonne chose pour l’allaitement. Ensuite, lorsque l’allaitement est installé, c’est une décision maternelle d’utiliser son sein comme un réconfort ou de le préserver pour la nutrition ». Là encore, chaque bébé a son propre rythme : « certains bébés sauront rapidement distinguer tétine et sein maternel, moments de repas et moments de bien-être, en particulier ceux qui ont un grand besoin de succion, pour d’autres, l’allaitement sera plus long à mettre en place et on tâchera de ne pas envoyer trop de messages différents. »

Retrouvez Stéphanie de Bouärd sur son site stephanieperinatalite.fr et son compte Instagram.

Réalisation : Les Louves X MAM
Crédit photo : Belly Balloon Photography / Les Louves x MAM