Allaitement : comment impliquer le papa ?

Et si l’allaitement était aussi une affaire de couple ? Parce qu’accueillir un nouveau-né et répondre à ses besoins est une responsabilité que l’on préfère ne pas endosser seule, on a tout intérêt à impliquer le papa ou le deuxième parent dans ce projet. Comment laisser une place à son conjoint quand on décide d’allaiter pour l’aider à entrer dans son rôle de parent et nouer une relation précieuse avec son bébé ? Voici les astuces glanées auprès des jeunes parents et les réponses d’une spécialiste de l’allaitement pour vous accompagner, recueillies avec la complicité de MAM la marque qui vous accompagne pour nourrir votre bébé en toute sérénité. 

Le co-parent pendant l’allaitement : un rôle de soutien

Quand on parle d’allaitement, on évoque souvent le lien fusionnel qui se crée entre la mère et son nouveau-né, un duo qui peut faire craindre au deuxième parent de ne pas trouver sa place. Et pourtant, les occasions sont nombreuses pour le papa ou le co-parent de jouer un rôle et de contribuer à former la triade parents-bébé, dès les premiers jours. Consultante en périnatalité, Barbara van Vlamertynghe accompagne les jeunes et futurs parents avant et après la naissance, elle assure que le deuxième parent a toute la place d’exister en dehors des tétées : « l’endormissement, le peau à peau, la digestion, le change, le bain sont autant de soins que le conjoint peut assumer, à condition d’avoir été préparé pendant la grossesse et à la maternité. »

Comment ? En assistant à des cours de préparation à la naissance et/ou à l’allaitement, en parlant de l’allaitement en couple, en observant et en écoutant les sages-femmes et les puéricultrices à la maternité. L’essentiel étant d’être suffisamment sensibilisé sur le rôle qu’il aura à jouer après la naissance. « Ce qui est essentiel selon moi, c’est que le co-parent comprenne qu’il est là pour prendre soin et veiller au confort de la maman qui allaite, sa présence et son soutien sont essentiels pour qu’elle vive au mieux cette période, en particulier les premières semaines qui peuvent être délicates. »

Être là, tout simplement

Alexis témoigne : « Dans les premiers temps, lorsque je voyais Hortense allaiter notre fille Gloria, j’ai ressenti un mélange de frustration et de joie. Dans ces moments-là, j’avais l’impression de ne pas servir à grand-chose. Et en même temps j’étais heureux de voir Gloria nourrie pas sa mère. C’est un beau moment. J’ai cherché à aider Hortense comme je pouvais en allant chercher notre fille dans son lit, en l’aidant à l’installer correctement. En étant là tout simplement si besoin. » Hortense confirme : « j’ai cherché à l’impliquer dès le début car j’avais besoin qu’il m’aide et il a été très à l’écoute, et plutôt intéressé sur le sujet. Sur l’aspect technique, je n’étais pas assez préparée sur les positions, les astuces pour bien faire téter mon bébé. Il m’a beaucoup aidée à positionner Gloria avec le coussin d’allaitement, il est allé chercher le tire-lait à la pharmacie, les coussinets d’allaitement… »

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Rassurer la maman

« Les jeunes mamans que j’accompagne pendant leur allaitement ont presque toutes le besoin d’être rassurées : est-ce que je m’y prends bien ? Mon lait est-il nourrissant ? Est-ce que le bébé prend assez ? La grande question derrière tout ça c’est : suis-je une bonne maman ? Elles ont besoin d’entendre que ce qu’elles font est bien », explique Barbara. Elle ajoute que certaines mamans peuvent se sentir seules au front et vivre leur allaitement comme une charge, une privation de liberté. Et en effet, les débuts de l’allaitement imposent à la maman une présence et une implication permanente, comme l’explique Charlotte, maman de Léonard, 3 mois : « Ce n’est pas évident de faire de la place à son conjoint pendant l’allaitement. Au début, cela demande un peu de concentration, et l’on n’est pas forcément disponible pour échanger avec le papa. Mais j’ai apprécié qu’il soit juste à côté de moi pour me tenir compagnie ou m’aider au positionnement ; que ce soit un moment à trois. Ensuite j’ai senti que j’avais besoin qu’il s’implique davantage donc j’ai tiré mon lait et il lui a donné des biberons de lait maternel. C’était super de pouvoir mixer l’allaitement au sein et au biberon. »

Relayer la maman grâce aux biberons de lait maternel

Charlotte a très vite envisagé cette solution : « j’ai eu ma montée de lait chez moi au 5e jour, il a fallu que je désengorge mes seins ; j’ai donc utilisé un tire-lait électrique et c’est là que mon mari a commencé à nourrir notre bébé avec des biberons de lait maternel. J’ai trouvé ça super de le voir lui donner le biberon mais aussi de me soulager ; nous avons donc continué comme ça. Cela nous a permis de voir si notre bébé appréciait le biberon, de le nourrir en public sans s’isoler dans une autre pièce, et de commencer une transition douce avant le lait industriel. » Même constat pour Hortense et Alexis : « Hortense a commencé à tirer son lait lors de son séjour à la maternité car ses tétons la faisaient souffrir. Elle a continué à le faire de retour à la maison, ce qui m’a permis de prendre le relais de temps en temps et qu’elle se repose un peu, la nuit notamment. J’ai apprécié cette solution car elle m’a permis de m’occuper de ma fille, de me sentir utile et de créer du lien en la nourrissant. »

Pour Clémence et Charlotte, mamans de Gaspard, les biberons de lait maternel se sont imposés dès le début de l’allaitement : « Gaspard est né un mois et demi à l’avance avec un petit poids de naissance. Il était donc compliqué pour Clémence de l’allaiter complètement au sein car il s’endormait et ne tétait finalement pas beaucoup. Clémence a donc eu recours au tire-lait pendant de longues semaines pour compléter les tétées et pendant qu’elle tirait son lait, je donnais le biberon à Gaspard avec le lait maternel. Clémence était déçue au début de ne pas pouvoir l’allaiter au sein complètement, mais j’étais heureuse de pouvoir la soulager et que Gaspard puisse quand même continuer à avoir du lait maternel. »

Lire aussi notre article : Tirer son lait, mode d’emploi pour les jeunes mamans

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Alterner le sein et les biberons de lait maternel : la solution idéale ?

Booster sa lactation, soulager des seins douloureux dans le cadre d’un engorgement ou de crevasses, anticiper et constituer un stock de lait en vue de la reprise du travail, entretenir sa lactation au travail, mais aussi gagner en liberté et passer le relais à son conjoint avec des biberons de lait maternel : le fait de tirer son lait offre de nombreux avantages aux jeunes parents.  Reste que, outre que cette solution exige d’être organisée, comme le remarque Charlotte, Barbara van Vlamertynghe conseille plutôt de commencer après le premier mois, si la situation le permet : « En effet, le premier mois, l’allaitement repose sur un équilibre encore fragile, c’est la loi de l’offre et de la demande, les seins ont besoin d’être stimulés par la succion du bébé qui ne se remplace pas en termes physiologique, sensoriel et émotionnel. Je conseille d’attendre que l’allaitement soit bien installé ou de se faire suivre par un professionnel , afin d’éviter les mauvaises surprises. Mais j’insiste, se sentir exclu de la dynamique mère-enfant en cas d’allaitement peut se solutionner facilement en prenant sa place de papa ou de co-parent à n’importe quel autre moment de la journée ».

3 astuces pour être un bon co-parent pendant l’allaitement

Au-delà du soutien moral et psychologique apporté à la maman qui allaite, le co-parent peut donc facilement se rendre indispensable au moment des tétées. Comment ? Voici les 3 conseils de notre consultante en périnatalité :

1/ Veiller à ce que la maman soit bien installée

« Le mal de dos, les douleurs dans les bras ou la nuque peuvent vite se faire sentir quand on allaite dans une mauvaise position. Le papa ou le deuxième parent peut garder le bébé dans les bras pour laisser le temps à sa compagne de s’installer, lui apporter des coussins si besoin, etc. Cela est non seulement très important pour son confort et celui du bébé, mais ça permet aussi de montrer qu’on est là pour elle, que l’on comprend les efforts que demande l’allaitement, c’est une forme de reconnaissance : cela est très soutenant pour la maman allaitante qui est parcourue de doutes, qui se sent responsable du bien-être et de la croissance de leur enfant ».

2/ Lui apporter à boire et à manger

« Pendant la tétée, la maman a faim et surtout très soif. Comme il est difficile de se lever pour se rendre à la cuisine avec le bébé dans les bras. Le conjoint peut prouver tout son soutien et tout son amour en lui apportant une tisane, un verre d’eau, des fruits coupés ou du chocolat. C’est une chaîne humaine, un travail d’équipe, une famille : le co-parent nourrit la maman et la maman nourrit son bébé».

3/ Apporter un deuxième regard

« N’étant pas parcouru par le grand chamboulement hormonal du post-partum, le co-parent a une sorte d’objectivité dont la maman est parfois privée ; quelque chose de viscéral peut étreindre la maman, elle est à vif, très sensible, soucieuse de (trop) bien faire. Le co-parent aura plus de facilités à prendre de la hauteur sur une situation. Ce deuxième regard est primordial, parce que les deux parents ne vivent pas les choses de la même façon, leurs émotions sont différentes et c’est là que se joue leur complémentarité, et leur force ! »

Et une fois son bébé repu, le deuxième parent peut prendre le relais pour gérer l’endormissement, une autre façon de créer du lien avec son enfant.

Réalisation : MAM X Les Louves
Crédit photo : Belly Balloon Photography/Les Louves X Mam